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Alexis Corbière et Matthias Tavel : « Avec “Vaincre ou mourir”, extrêmes droites et droites extrêmes veulent imposer leur grille de lecture »

Alexis Corbière

député (LFI) de la Seine-Saint-Denis

Matthias Tavel

député (LFI) de Loire-Atlantique

Les députés (La France insoumise) appellent, dans une tribune au « Monde », à une large mobilisation contre la « falsification de l’histoire » et la « culture de l’effacement » à l’œuvre dans le docufiction coproduit par l’entreprise de spectacles du Puy du Fou et Canal+, propriété du groupe Bolloré.

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Peu importe que le film Vaincre ou mourir soit une réussite artistique ou un navet, même si la seconde option est la bonne. Peu importe même que l’œuvre coproduite par l’entreprise de spectacles réactionnaires du Puy du Fou brutalise la vérité historique. L’art doit être libre. On ne reprochera donc pas davantage aux réalisateurs Vincent Mottez et Paul Mignot leur hagiographie du contre-révolutionnaire Charette qu’on n’accuserait le Quatrevingt-Treize de Victor Hugo pour son dialogue imaginaire entre Robespierre, Danton et Marat.

S’il n’y avait à critiquer que des approximations historiques, des anachronismes et un manichéisme caricatural qui charge la Ire République de tous les maux de son époque, il n’y aurait pas grand-chose à dire de ce film, si ce n’est de conseiller la lecture des travaux de vrais historiens. Que nous apprennent-ils ? Que les guerres de Vendée – elles concernèrent, outre le département de la Vendée, la Loire-Atlantique et le Maine-et-Loire – ont été une guerre civile atroce, dans laquelle ni les camps en présence ni les motivations des acteurs n’étaient homogènes.

Il est acquis que l’absence de pouvoirs bien établis, chez les Blancs comme chez les Bleus, a empêché la régulation de la violence, cause fondamentale des atrocités auxquelles se livrèrent les deux parties. Les travaux scientifiques démontrent aussi que ces violences de masse ne justifient pour autant jamais le terme de génocide que les extrémistes de la cause vendéenne cherchent à imposer à l’opinion publique depuis quarante ans, sans en avoir jamais convaincu la communauté scientifique.

Offensive réactionnaire

Ce n’est pourtant pas pour l’accumulation d’inexactitudes qu’il faut craindre Vaincre ou mourir. Ce docufiction représente un degré supplémentaire franchi par l’entreprise idéologique de la droite ultraconservatrice. Extrêmes droites et droites extrêmes veulent imposer à la société leur grille de lecture des problèmes de notre temps, leur haine de l’égalité républicaine, leur nostalgie morbide de pseudo-traditions catholiques intégristes, leur nationalisme « de la terre et des morts » [selon Maurice Barrès], autant de prétextes à exclure de la nation française tous ceux dont les origines familiales seraient d’ailleurs.

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Les quatre-vingt-quinze minutes de Vaincre ou mourir n’ont pas été produites pour divertir, mais pour diffuser largement des poncifs communs à toutes les extrêmes droites. Les néofascistes du Grece [Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne] l’ont théorisé dès les années 1980, les Le Pen et Zemmour en rêvent à voix haute depuis vingt ans. Aujourd’hui, les de Villiers et Bolloré, propriétaire de Canal+, qui ont cofinancé le film, le réalisent. L’extrême droite semble devenue plus « gramsciste » que les héritiers légitimes du théoricien marxiste de l’hégémonie culturelle. Quatre historiennes et historiens démontrent encore dans un livre salutaire à quel point le Puy du Fou est un « Puy du faux ». Mais cette contre-révolution culturelle a le champ libre et elle en profite.

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