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Alimentation : la flambée des prix menace le recul de l’inflation

L’accalmie est faible mais elle est bien là. Selon les chiffres publiés par l’Insee ce 30 septembre, la hausse des prix à la consommation s’est légèrement tassée à 5,6 % sur un an contre 5,9 % au mois d’août. Pourquoi ce (très) léger repli ? Surtout en raison du « ralentissement » de la hausse des prix de l’énergie, répond l’Insee.

« Ce n’est pas surprenant, commente Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Asterès. L’Insee évoque ici l’évolution des prix à la consommation uniquement pour les particuliers et ces derniers ont bénéficié d’un certain nombre de mesures protectrices comme le bouclier énergétique ou encore les 30 centimes à la pompe. En outre, les prix du pétrole se sont un peu repliés. »

Alimentation : la flambée des prix menace le recul de l’inflation

Graphique présentant l’évolution de l’inflation en France, en glissement annuel (rapport entre le niveau des prix à la consommation un mois donné, par rapport à ce même niveau un an auparavant). / Vincent LEFAI, Sabrina BLANCHARD / AFP

Problème, le bilan de l’Insee illustre la continuité de l’inflation alimentaire avec 9,9 % en septembre sur un an. Les prix des produits frais progressent même de 11 % contre + 3,5 % en août. « Les familles de produits qui augmentent le plus sont ceux à base de volaille et de bœuf », souligne Olivier Dauvers, éditeur et spécialiste de la grande distribution.

Des vagues de négociation

Cette tendance inflationniste sur l’alimentation a toutes chances de ne pas se calmer selon ce spécialiste. « Malheureusement, entre 3 et 4 % de hausse des prix pour les consommateurs paraissent irrémédiables dans les mois à venir en raison du coût de l’énergie », ajoute Olivier Dauvers. Et de préciser que distributeurs et industriels ont déjà eu deux vagues de négociations et qu’une troisième vague est d’ores et déjà engagée avec les producteurs laitiers. Sans compter qu’en novembre, les négociations annuelles obligatoires vont commencer.

Il faut rappeler que si les particuliers bénéficient de mesures qui amortissent le coût de l’énergie, ce n’est pas le cas pour les industriels. Il y a quelques jours, le président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), Jean-Philippe André, prédisait que si des mesures d’urgence ne venaient pas soutenir l’agroalimentaire français, et que les supermarchés ne répercutaient pas la flambée des prix de l’énergie, certains industriels risquaient de ne plus être en mesure de produire.

L’alimentation pèse deux fois plus que l’énergie

Le président de l’Ania appelle donc le gouvernement à « intervenir au niveau européen pour plafonner le prix de l’énergie » et à « revoir les critères d’éligibilité des aides ». Depuis le début de la guerre en Ukraine, les coûts de production des industriels ont flambé : + 29 % pour les matières premières agricoles, + 26 % pour les emballages, et maintenant, + 57 % pour l’énergie, rappelle l’Ania, selon laquelle seul la moitié des entreprises qui ont rouvert les négociations avec les supermarchés sont parvenues à obtenir des hausses, à environ 6 % au lieu des 8-9 % qu'elles espéraient.

Sylvain Bersinger rappelle en tout état de cause que dans les calculs de la hausse des prix à la consommation pour les consommateurs, l’alimentation pèse deux fois plus que l’énergie. Une augmentation du prix des paniers des ménages risquerait donc de contrebalancer une accalmie éventuelle des prix de l’énergie.

« Il y a toujours un mois de retard pour les statistiques de l’Insee concernant les industriels, précise l’économiste d’Asterès. En août l’inflation qui les concerne a été de 27 % sur un an contre 25 % en juillet. Il faudra attendre encore un mois pour savoir si eux aussi ont profité de la baisse du pétrole. »