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Par Mathieu ESCOULA - m.escoula@charentelibre.fr, publié le 28 novembre 2022 à 16h45.
Un atelier de couture et un restaurant vont plier boutique, rue de Paris. Dans les deux cas, le passage au stationnement payant dans le quartier est évoqué.
Sophie Barthoux est une historique du quartier L’Houmeau. Voilà plus de 34 ans qu’elle y a installé son atelier de couture, d’abord au 84 rue de Paris, puis au 107 bis. Les sirènes de la retraite ont beau sonner, la sexagénaire se serait bien vue faire durer le plaisir « deux ans et demi, trois ans » supplémentaires. « Mais dans ces conditions, c’est impossible »,gronde la patronne qui baissera définitivement le rideau à l’issue de son préavis...
Sophie Barthoux est une historique du quartier L’Houmeau. Voilà plus de 34 ans qu’elle y a installé son atelier de couture, d’abord au 84 rue de Paris, puis au 107 bis. Les sirènes de la retraite ont beau sonner, la sexagénaire se serait bien vue faire durer le plaisir « deux ans et demi, trois ans » supplémentaires. « Mais dans ces conditions, c’est impossible », gronde la patronne qui baissera définitivement le rideau à l’issue de son préavis, courant 2023.
Tout le monde est pour les petits commerces mais rien n’est fait pour qu’ils restent.
Motif de sa colère : le stationnement, qui devient progressivement payant dans son secteur depuis le vote d’un grand plan municipal, en vigueur depuis le 1er octobre.
« Très décevant »
La commerçante a fait ses calculs : « En prenant un abonnement de cinq jours en semaine, ça me revient à 60 euros par mois. » Impensable pour celle qui, n’habitant pas à Angoulême, ne peut bénéficier de l’abonnement annuel résident à 100 euros. « C’est très décevant, je ne m’y attendais pas, grince-t-elle. Tout le monde est pour les petits commerces mais rien n’est fait pour qu’ils restent. »
Même agacement chez sa proche voisine Marie-Laurence Ducouret qui vient de mettre le fonds de commerce de son restaurant, Le Bocal 105, en vente. « Ça me dégoûte de devoir payer ça en plus », fulmine la gérante. Épilogue d’une situation qui n’avait cessé de se dégrader, d’après elle, depuis le début des travaux sur l’îlot Didelon du complexe senior de luxe Montana et d’une résidence de six étages, Les Terrasses de L’Houmeau. Incommodée par la poussière, elle avait fermé un mois et demi, le temps d’un exil dans le Nord Charente où elle a cuisiné Chez Riffaud, un bar à Mansle. Une décision qui avait provoqué l’ire du président du comité du quartier Jean-Pierre Lafont, à la tête du bar-tabac L’Échiquier, auteur de deux messages peu amènes flanqués sur la vitrine du Bocal 105 évoquant « le manque de persévérance » et « la paresse ».
« Quand on n’ouvre que quatre midis par semaine, il faut m’expliquer comment on crée une clientèle », persiste et signe-t-il aujourd’hui. « Je l’ai fait pour des raisons de santé, rétorque l’intéressée. Ce personnage a la sale manie de se mêler de ce qui ne le regarde pas. » Ambiance…
Depuis cette période agitée, « ce n’est pas reparti, ça m’a bouffé ma trésorerie », poursuit Marie-Laurence Ducouret. Sa demande d’aide financière qui s’en est suivie est restée lettre morte. « L’Agglo et le promoteur [Réalités] se renvoyaient la balle. »
Selon elle, ce dernier lui a adressé une mise en demeure en raison de ses prises de position sur les réseaux sociaux : « J’étais apparemment trop virulente, il était écrit que je risquais un an de prison et 35.000 euros d’amende ; tout de suite ça calme. »
Arrivée au terme d’un congé « Création d’entreprise », la quinquagénaire, installée depuis 2018, va, une fois la vente actée, reprendre son ancien emploi à La Poste.