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Angoulême: la manif, quoi qu’il en coûte

Angoulême: la manif, quoi qu’il en coûte
Dixième manif, quatrième grève en mars. Les cortèges ne veulent pas lâcher, appellent à la grève en prolongement.

Renaud Joubert

Par Jean-François BARRÉ - jf.barre@charentelibre.fr, publié le 29 mars 2023 à 8h59.

Dix manifs, quatre jours de grève en mars, des actions sporadiques. Et la réforme est toujours là. La détermination ne faiblit pas. Les manifestants estiment que c’est utile. Disent qu’ils iront au bout.

Les retraites, dixième. Battre le pavé, de la gare au centre-ville et à la gare. Comme une routine. Un peu moins nombreux, au-dessus de 5 000 sans doute, 3 600 pour la police, jusqu’à 8 000 pour l’intersyndicale. Bien deux fois moins que la semaine précédente. Sans doute un peu de fatigue. « Et quatre grèves dans le mois de mars, ça commence à tirer. » Julien est...

Les retraites, dixième. Battre le pavé, de la gare au centre-ville et à la gare. Comme une routine. Un peu moins nombreux, au-dessus de 5 000 sans doute, 3 600 pour la police, jusqu’à 8 000 pour l’intersyndicale. Bien deux fois moins que la semaine précédente. Sans doute un peu de fatigue. « Et quatre grèves dans le mois de mars, ça commence à tirer. » Julien est salarié de Naval Group. Il défile pour la dixième fois. « Ce matin, les entrées étaient bloquées. On n’était qu’une trentaine. » « Mais pas question de baisser les bras. » Il considère que la manif c’est important, que ça peut aller au bout. « Autrement, je ne serais pas là. »

Delphine Andrieu les a toutes faites aussi. Enseignante, encartée CGT, elle croit bien sûr à la mobilisation, aux manifs. « De plus en plus de jeunes nous rejoignent », et en Charente, c’est difficile d’aller plus loin. « Il n’y a pas de site important à bloquer », « les NAO (NDLR. Négociation annuelle obligatoire) ont déjà mobilisé pas mal de monde dans les entreprises. » Ensuite, jusqu’où aller ? « Je suis déjà en grève reconductible. je ne sais pas jusqu’où le gouvernement va nous emmener. »

Ici le cortège est radical. Plus on sera nombreux en grève, moins on aura besoin de casser des trucs pour être entendus.

C’est le sujet qui alimente les conversations dans le cortège. Qui démange. De l’action, des blocages ? Gaëtan Bachelier est avocat. Il est dès l’origine l’un des animateurs du « Collectif en lutte fanfare », qui peine à marcher dans les sentiers battus (lire ci-dessous). « Ça a quand même évolué. Les gens se sont rencontrés. Nous, on est un groupe de 3 à 400 personnes. On peut mobiliser d’autres acteurs. »

La colère et la grève

Plus bruyants, plus radicaux. Il élude la question. « Nous, on voit surtout la violence institutionnelle. » Mais ils sont « tous prêts à aller plus loin. Les enjeux, c’est nos enfants. Ça n’a pas de prix. »

Ça coûte, mais l’intersyndicale n’a guère d’autre choix dans la musette. « Défiler ne suffira pas. Il faut tout bloquer pour gagner, s’enflamme Jean-Pierre Bellefaye, historique du NPA et de Sud. Et le meilleur des blocages, c’est la grève. » Certes, « la colère est en train de monter ». Henri Lalouette, le secrétaire départemental FO l’a bien senti. « Il faut que la mobilisation soit là. Et pas de violences. Surtout pas. C’est incontrôlable. Si ça part en live, on aura du mal à rattraper le coup. Il faut bouger davantage sur les entreprises. Il faut, à un moment donné que l’économie soit touchée », préconise-t-il.

Cela fait consensus. « La manif, c’est nécessaire pour marquer les temps forts. » À la CGT, Emmanuel Prinet en est convaincu. « Mais entre les manifs, il faut des temps forts, des actions, des arrêts de production. » « Bloquer jusqu’à ce que les patrons appellent Macron à la raison », appuie Philippe Galvan, à la CFDT.

À Angoulême, loin des poubelles qui brûlent et des pavés qui volent, le cortège a encore de l’avenir. Au NPA, à l’usine, Michel Deboeuf en a vécu, des conflits. Il continue à user ses semelles sous les drapeaux. « Ça sert à la prise de conscience. Ça sert à entraîner du monde vers la grève générale. C’est une question de radicalité. Bloquer les usines. Ici, le cortège est radical. Il n’y a pas de violences. Plus on sera nombreux en grève, moins on aura besoin de casser des trucs pour être entendus. »