France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Angoulême : le casse-tête des murs peints

Et les 28 autres, qui parsèment déjà la ville ? Si certains sont connus, parce qu’ils sont récents ou bien situés, comme le mur Uderzo boulevard Pasteur, d’autres semblent peu à peu se fondre dans le décor. Littéralement. Le mur du Nil, aussi appelé « Avec le temps », rue des Frères-Lumière, passerait presque inaperçu, s’il n’y avait pas une plaque pour rappeler l’histoire de sa création. Même si cet aspect effacé est voulu, il n’en reste pas moins l’un des murs les plus mal en point de la ville. « Il date de 1998, relève Gérard Desaphy, conseiller municipal chargé du label Ville créative et de la francophonie. Le plus abîmé date de 2006 : c’est ‘Les Coulisses du théâtre’, qui se trouve donc juste derrière le théâtre, rue Edmond-Rostand. » Par endroits, la peinture a carrément disparu, laissant voir la façade nue. « La Guitariste », à La Madeleine, complète le podium, avec ses couleurs délavées. Il a vu le jour en 2005.

Une rénovation en attente

Techniquement, la Ville est dans les clous, puisqu’ “on estime qu’un mur peint a besoin d’être rénové tous les 10, 12 ans ». Dans les faits, c’est plus compliqué. Le mur Goscinny, par exemple, à l’angle des rues Goscinny et Jules-Michelet, a dû être repris à la chaux, alors qu’il ne date que de 2020. Même problème pour le premier des murs peints : celui réalisé par Erró, à Ma Campagne. L’artiste islandais a représenté plusieurs héros de BD et de comics, en 1982. Sa rénovation date de 2012. « Et il est déjà abîmé », souffle l’élu.

Le mur peint près du théâtre est le plus abîmé de la ville. La peinture semble écaillée par endroits.
Le mur peint près du théâtre est le plus abîmé de la ville. La peinture semble écaillée par endroits.

Photo Julie Desbois

C’est à s’arracher les cheveux. Comment prendre soin des murs peints, de plus en plus nombreux, tout en continuant à en créer ? « C’est devenu une part importante de l’identité d’Angoulême », rappelle Gérard Desaphy. À tel point que la Ville en a soutenu trois en trois ans : le mur Uderzo, le mur du 1er RIMa, boulevard de la République, et le mur Goscinny.

« C’est très onéreux. En moyenne, un mur peint coûte 95.000 €. » La palme revient au mur Uderzo, qui a coûté 114 000 €. Sur un budget annuel de 150 000 €. « En 2022, c’était 100 000 € », glisse Gérard Desaphy. Le budget 2023 n’est pas encore fixé, mais l’élu se fait peu d’illusions. « Je ne suis pas sûr de pouvoir rénover les trois murs les plus abîmés dans l’année qui vient. »

La rédaction vous conseille
Astérix a son mur peint chez les Angoumoisins

Astérix a son mur peint chez les Angoumoisins

La ville d'Angoulême rend hommage au dessinateur d’Astérix, Albert Uderzo. Avec un mur peint en centre-ville, qui sera terminé en septembre, un menhir à la gare et des décors à l’école Uderzo à Basseau.

Entre deux rénovations, heureusement, un mur peint « ne s’entretient pas. Les œuvres sont faites pour résister aux intempéries, à la chaleur, à l’exposition au soleil… Mais si un mur est dégradé ou s’il y a des inscriptions, on intervient directement. Le mur d’Yslaire, square Saint-André, en a fait les frais. Mais on sait nettoyer sans abîmer. On reste toujours vigilant. » Un mur peint est si vite disparu. La preuve avec « Le Jardin extraordinaire » de Florence Cestac, qui fleurit sur un bâtiment de la Grand-Font depuis 2001. « Il a failli être recouvert quand le bâtiment a subi des travaux d’isolation. » La mairie est intervenue à temps. D’autres n’ont pas eu cette chance. Un mur représentant Valérian et Laureline, boulevard Churchill, et un autre représentant Yakari, rue des Frères-Lumière, ont disparu. Tous deux dataient de 1999. « Le pire, c’est qu’on ne saurait même pas dire quand c’est arrivé précisément », avoue l’élu.

On estime qu’un mur peint a besoin d’être rénové tous les 10, 12 ans.

Pas question que cela se reproduise. En 2023, la Ville espère remettre en état les éclairages nocturnes des 19 murs peints qui en bénéficient. Certains sont usés ; d’autres, vandalisés. Autre projet : créer une plaque-type pour tous les murs peints, pour mieux les identifier.

Un atout touristique

Ce ne sera peut-être pas pour cette année, mais la Ville compte bien fêter les 40 ans du premier mur peint. « On aimerait proposer une exposition de tous les originaux des œuvres, ce qui demande un peu de temps. On se donne deux ans pour le faire », explique Gérard Desaphy. L’enjeu est de taille. Angoulême est la deuxième ville européenne en terme de murs peints, après Bruxelles. Des circuits sont proposés par l’office de tourisme ; il y a même une appli qui recense les murs.

32

C’est le nombre de murs peints qu’on peut trouver à Angoulême. Si 28 sont sous l’égide de la Ville, d’autres ont été créés par des comités de quartier, des copropriétaires… Ou sont issus du budget participatif. Comme celui qui orne la façade de l’hôtel L’Épi d’or, boulevard Chabasse. 80 m2 qui reprennent les symboles de la ville, de Musiques métisses au Circuit des remparts. Un projet défendu par des lycéens de Marguerite-de-Valois.