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Angoulême : quand la justice protège une victime de violences conjugales contre son gré

Angoulême : quand la justice protège une victime de violences conjugales contre son gré

Illustration CL

Par A. B., publié le 23 mars 2023 à 19h56.

Un jeune homme de 22 ans a écopé de 3 ans et demi de prison.

Elle a 17 ans et pleure au premier rang de la salle de la correctionnelle. Pas parce que son petit copain dans le box lui a explosé le tympan un soir de violences. Mais parce qu’elle ne décolère pas que la justice le poursuive. La présidente Nathalie Billington tente...

Elle a 17 ans et pleure au premier rang de la salle de la correctionnelle. Pas parce que son petit copain dans le box lui a explosé le tympan un soir de violences. Mais parce qu’elle ne décolère pas que la justice le poursuive. La présidente Nathalie Billington tente de lui faire comprendre qu’il faut stopper « cette relation toxique. C’est normal de recevoir des coups ? Il a le droit de vous traiter comme un punching-ball ? ». L’adolescente « s’en fout. C’est pas parce qu’on va me dire de ne plus être avec lui que je vais le faire. Je l’aime. » Dans le box, Sofiane Mandili, 22 ans, lui a aussi répété qu’il l’aimait, ce jeudi en comparution immédiate, où il était jugé pour « l’ensemble de son œuvre », dixit la procureure Aude de Vallée. La prévention était longue comme le bras et on y retrouvait une conduite sans permis, sous stups, un refus d’obtempérer dans les rues de Basseau, des outrages et donc, des violences sur sa copine.

Le médecin de l’unité médico judiciaire a bien décelé des ecchymoses, un tympan explosé, un bleu sur la pommette mais la jeune fille au parcours compliqué s’est énervée quand il a voulu en parler aux policiers. La procureure pose l’enjeu : « C’est dans ces dossiers que la notion de ministère public prend tout son sens. Elle pleure parce que Sofiane Mandili va partir en détention… C’est à la justice de la protéger car elle est incapable de le faire elle-même. » La magistrate lui a assuré que « ce n’était pas de sa faute à elle s’il partait en détention. La justice a le droit de faire de l’ingérence dans les affaires de vie privée quand bien même il n’y a pas de demande de la victime. »

Aude de Vallée a donc souhaité mettre Sofiane Mandili « hors d’état de nuire ». Parce qu’il y avait aussi ces 100g de résine de cannabis trouvé dans sa voiture l’été dernier alors qu’il conduisait sans permis. Cette course-poursuite avec les policiers où Sofiane a terminé caché dans un trou plein de ronces à Basseau. Ces violences, encore très récemment sur sa copine. Et cet outrage en pleine garde à vue en début de semaine au commissariat d’Angoulême. Sofiane a en effet insulté les policiers, estimant que le dîner servi avait été « mal conservé ». Les fonctionnaires sont même allés jusqu’à vérifier que ses pâtes aux champignons étaient bel et bien comestibles jusqu’au 4 septembre 2023… À l’audience, il a pleuré, juré qu’il était sur le bon chemin, mais cela n’a pas attendri le parquet. Ni même le tribunal qui a ajouté une 22e condamnation à son casier à seulement 22 ans. Il a en effet écopé de 3 ans et demi de prison. Avec mandat de dépôt. Il a également interdiction d’entrer en contact avec sa copine.