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Angoulême: sur France 3, il met en lumière des femmes de l’ombre

Pendant trois mois, il a suivi en coulisses plusieurs membres de l’association Au fil des femmes - qu’il a rejoint en 2019 - dans leur préparation...

Pendant trois mois, il a suivi en coulisses plusieurs membres de l’association Au fil des femmes - qu’il a rejoint en 2019 - dans leur préparation du spectacle Femme (s), un recueil de textes féministes lus sur la scène du théâtre d’Angoulême en 2021. Théâtre de vies de femmes, c’est le titre du film, sera présenté le mercredi 8 février à 20h à L’Espace Franquin avant d’être diffusé sur France 3 le 23 mars à 23h40.

D’où vous vient ce goût pour les portraits de femmes ?

Je préfère interviewer des femmes, car elles sont d’une sincérité absolue. Elles sont cash et assument ce qu’elles sont. Les hommes, dès qu’on aborde leur sensibilité, s’obligent à sécréter de la testostérone et gonfler les muscles. J’ai déjà fait des interviews touchantes, mais souvent, ça prenait le biais « Je ne suis pas une tarlouse ».

Comment est née l’idée de filmer Au fil des femmes ?

Il y a deux ans, j’avais photographié des femmes migrantes qui participaient à un atelier d’écriture animé par l’association. [Les clichés ont été publiés dans le supplément Charente libre « Femmes d’espoir »]. Tout doucement, j’ai mérité leur confiance ; faire un film m’a paru le juste prolongement. L’idée est de rendre compte de la chronologie de la création théâtrale et de rentrer dans l’appréhension des textes en même temps que les comédiennes qui ont chacune leur propre approche de la place des femmes. J’ai aussi voulu montrer comment elles font confiance à Marion [Conejero, metteuse en scène du spectacle « Femme (s) «] et comment celle-ci apprend à connaître ses comédiennes.

L’une d’elles confie qu’« il est dur de garder la tête haute quand on est mal née ». Ce film est-il aussi un hommage ?

Cette aventure a eu un bénéfice sociologique : toutes ces femmes ne viennent jamais en centre-ville où il y a une dimension bourgeoise qu’elles s’interdisent. Beaucoup sont venues pour la première fois au théâtre d’Angoulême. Certaines n’étaient même jamais allées au théâtre.

C’est ce que vous avez voulu questionner : le rapport à la culture dans les quartiers ?

Oui ce film est aussi une sensibilisation au déterminisme social. J’ai choisi trois focus de femmes qui me permettent de faire un panoramique de 50 ans d’immigration en France. Entre Barka, d’origine marocaine, en France depuis 50 ans, fonctionnaire, et Hermane, qui a fui la Côte d’Ivoire avec ses filles, sous la menace d’une expulsion, il y a une réelle différence. Est-ce qu’il n’y a pas eu une dégradation dans l’accueil des immigrés ? Il faut savoir lire entre les lignes même si je ne cherche pas à démontrer quelque chose, d’ailleurs le film est sans commentaires.

Le film s’appelle Théâtre de vies de femmes, comment décririez-vous les leurs ?

Cabossées, tortueuses, caillouteuses. Les chemins ne sont pas rectilignes. Mais ce qui m’a le plus interpellé c’est la solidarité et la bienveillance entre ces femmes, la sororité. C’est une attention pour les unes et les autres.