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« Annie Colère » : avant la loi Veil de 1975, la réinvention d’une femme dans la lutte pour le droit à l’avortement

Dans le film de Blandine Lenoir, Laure Calamy se transforme en héroïne timide, presque effacée, se révélant au contact de l’engagement militant.

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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Avec ses couleurs vintage et son humeur joyeuse, Annie Colère, de Blandine Lenoir, revisite une lutte profondément politique et contemporaine : le militantisme pour le droit à l’avortement, avant sa légalisation en France en 1975, au sein du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC). Créé en 1973 par des médecins militants et des collectifs féministes, le MLAC pratiqua la désobéissance et organisa des avortements clandestins à l’aide d’une nouvelle méthode, dite « Karman », plus indolore et plus simple à enseigner – consistant à aspirer le contenu de l’utérus à l’aide d’une canule.

Un film hautement d’actualité, alors que le droit à l’avortement fait régulièrement la « une » des journaux. Le sujet reste passionnel, dès lors qu’il s’agit de renforcer ce droit ou lorsque, au contraire, celui-ci se trouve malmené, ce qui est le cas actuellement, notamment aux Etats-Unis, la Cour suprême ayant décidé, le 24 juin, de mettre à bas l’arrêt Roe vs Wade qui autorisait le recours à l’avortement dans l’ensemble du pays – désormais, c’est aux Etats américains de légiférer. Signe de l’inquiétude ambiante, en France, les députés viennent d’adopter, jeudi 24 novembre, en première lecture, une proposition de loi visant à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution.

Annie Colère nous accroche à une héroïne attachante, Annie (Laure Calamy), ouvrière dans une usine de matelas, métaphore de la vie conjugale du temps où la pilule contraceptive, bien que légalisée depuis 1967, n’allait pas de soi. Mariée, enceinte d’un deuxième enfant non désiré, Annie finit par entrer sur la pointe des pieds dans une antenne du MLAC… Littéralement transformée, Laure Calamy se met dans la peau d’une femme presque effacée, timide, sortant de son milieu et s’étonnant presque de son audace. Annie découvre au MLAC une deuxième famille, développe des compétences médicales au contact d’hommes et de femmes engagés, et décolle du foyer familial, n’en déplaise à son mari (Yannick Choirat, également acteur de théâtre).

Se sentir utile

Une petite étincelle vient tout changer à l’intérieur du personnage. Annie fait briller dans son regard une joie politique, celle de se sentir utile. Personne ne le sait, mais elle vient de faire sa révolution. Serrée dans son petit manteau rouge, Laure Calamy nous téléporte près de cinquante ans en arrière, dans une France un tout petit peu moins glaciale pour les droits des femmes que du temps où Annie Ernaux cherchait désespérément à avorter, l’hiver 1964, une épreuve qu’elle chroniqua dans L’Evénement (Gallimard, 2000) – adapté à l’écran par Audrey Diwan, son long-métrage éponyme ayant remporté le Lion d’or à Venise en 2021.

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