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Annulations, reports : pourquoi Carat peine à remonter la pente

Épilogue d’une saison 2022 marquée par un lancement tardif, le 2 mars, avec le concert d’Alain Souchon...

Épilogue d’une saison 2022 marquée par un lancement tardif, le 2 mars, avec le concert d’Alain Souchon. Avant la levée progressive des restrictions sanitaires liées au covid - fin des jauges le 2 février, reprise des concerts debout le 16 - Carat a subi trois annulations successives : Julien Doré, Florent Pagny (pour raisons de santé) et Jean-Louis Aubert. Le spectacle de Messmer, prévu le 17 février, a lui été reporté au 7 juin 2023.

Ce n’est pas une année phare mais un retour à la normale est largement espéré pour 2023.

Sur les 36 concerts et spectacles de l’année, 14 ont été annulés soit près de 40 %. La reprise annoncée n’a finalement pas eu lieu avec une activité en deçà de celle avant covid (voir encadré). « Ce n’est pas une année phare, confesse Gérard Desaphy, adjoint en charge de la culture à l’Agglo, mais un retour à la normale est largement espéré pour 2023. » Comment expliquer cette série de revers ? Éléments de réponse.

1. Conjoncture globale

Carat subit une tendance nationale : depuis la crise sanitaire, les grosses productions attirent davantage que les spectacles d’envergure moindre. Or, ce sont en majorité ces derniers qui sont organisés dans des villes moyennes comme Angoulême, Périgueux, Niort, Limoges et Châteauroux. Seule exception : Poitiers et sa nouvelle Arena Futuroscope, 6000 places. Inaugurée en avril dernier, elle est capable d’attirer des têtes d’affiche : Matthieu Chedid, Angèle ou Dutronc père et fils, tous joués à guichets fermés.

2. Forte concurrence régionale

De cette nouvelle difficulté, en découle une autre, moins récente, selon Nathalie Deslande, responsable d’exploitation de l’Espace Carat : « Avec une salle de spectacle tous les 100 kilomètres, nous avons un gros problème concurrentiel dans la région. » En clair, le gâteau est réparti entre Bordeaux et Poitiers. Les miettes sont à se partager par les villes restantes dont Angoulême fait partie.

3. Trop-plein d’offres

Autre élément de réponse, les multiples reports de 2020 et 2021 sur l’année 2022 ont considérablement augmenté l’offre culturelle : « Il y a eu pléthore de spectacles, les gens ont fait des choix, relève Nathalie Deslande. D’autres se sont aussi fatigués des reports et des annulations » avant de choisir l’option remboursement.

4. Choix de la programmation

Quid de la programmation ? Si des concerts comme ceux de Sexion d’Assaut ou encore Alain Souchon, respectivement reportés deux et quatre fois, sont les plus gros succès de l’année, les spectacles Abborn Génération ABBA et Best of 80 peinent quant à eux à créer l’engouement. « Pas surprenant, selon Michel Goudard, fondateur d’Euterpe Production, qui organise la majorité des événements à Carat. Ce sont des reprises, c’est comme si je vous dis que vous allez manger chez Bocuse et qu’au final je vous sers un Mc Do. » Gérard Desaphy est plus mesuré, admettant qu’« on arrive à un essoufflement ».

Mais, reprend Michel Goudard, inutile de « jeter la pierre » aux producteurs, seuls à décider ou non d’un report ou d’une annulation. « Ils ne savent pas à l’avance si ça va attirer ou pas. Il m’est déjà arrivé d’envisager de ne pas maintenir un spectacle et puis la mayonnaise a pris. » Et de conclure : « Si pour que ce soit rentable, il faut 300 personnes et qu’il n’y en a que 15 qui se déplacent, on le retire ; on ne va pas perdre du fric pour faire plaisir. »

137.850 visiteurs en 2022

Sur l’ensemble de l’année 2022, 137.850 personnes ont été accueillies à l’espace Carat, selon les chiffres communiqués par GrandAngoulême, gestionnaire de l’équipement, sur 64 manifestations publiques (concerts, spectacles) et privées (colloques, convention d’entreprises) soit 202 jours d’occupation (montage et démontage inclus). À ce bilan, il faudra ajouter la fréquentation de Ludopark, du 19 au 23 décembre et du 27 au 30 décembre soit environ 5000 personnes. Une activité inférieure à 2019, année de référence : 75 manifestations, 260 jours d’occupation et 166.000 visiteurs. Si la reprise des spectacles est plus lente que prévu, celle des salons ne s’est pas fait attendre, se réjouit Gérard Desaphy, élu chargé de la culture à l’Agglo, avec des niveaux similaires à ceux d’avant la crise sanitaire. Parmi les plus fréquentés : le salon de l’auto et le Forum sport santé qui ont réuni cette année 15.000 personnes chacun sur deux jours.