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Anorexie, boulimie: les lycéens armés pour en parler

600.000 jeunes Français touchés par les TCA

Au lycée...

600.000 jeunes Français touchés par les TCA

Au lycée agricole Félix-Gaillard, leur venue a coïncidé avec une exigence. « On est face à un public fragile, témoigne Cécile Gallard, enseignante en seconde Sapat (Services aux personnes et aux territoires). Avec un rôle important de l’alimentation pour l’image qu’ils peuvent avoir d’eux-mêmes. L’adolescent, dans les conduites à risque qu’il met en place, quand il n’est pas bien, il peut se priver de manger, illustre-t-elle. Les peines de cœur, c’est récurrent au réfectoire… »

Le sujet des troubles alimentaires s’invite logiquement au travers de l’usage des réseaux sociaux, ces paradis des corps minces - filles - et des muscles saillants - garçons. 20 lycéens sur 28 suivent des influenceurs pour qui la sveltesse est le maître-mot.

Les peines de cœur, c’est récurrent au réfectoire.

Derrière la vitrine, les troubles. Ceux des conduites alimentaires, les TCA, qui touchaient 600.000 jeunes Français en 2019. Anorexie, boulimie, « les deux sont complémentaires » : « La première chose à faire pour une personne de votre entourage qui en souffre, c’est de l’écouter », appuie Zoé Poirrier, la diététicienne de la Région. Un numéro gratuit existe : le 0810 037 037. Avec sa collègue Émeline Lirand, elles orientent aussi vers les infirmières scolaires, le médecin traitant. Pour réaliser un dépistage, commencer un parcours de soins. Et chasser pour de bon les injonctions qui fragilisent certains jeunes. « Sauter un repas pour perdre du poids », « perdre du poids n’est qu’une question de volonté » : ça ne tient plus.

Les médiations continuent toute la semaine au lycée Élie-Vinet

27 lycées de Nouvelle-Aquitaine ont répondu favorablement à l’appel d’offres. Parmi eux, les deux grands établissements du Sud-Charente. À Élie-Vinet, c’est la thématique du gaspillage alimentaire qui sera proposée à certaines classes, notamment de terminales, jusqu’à vendredi. Chaque année, ces alternantes en diététique à la Région sont amenées à se renouveler, mais le projet va perdurer. Autour des cinq thématiques suivantes : les dérives de consommation, l’équilibre alimentaire, les troubles du comportement alimentaire, la découverte de nouvelles saveurs et le gaspillage alimentaire. Aux lycées intéressés de se signaler pour 2023.

En classe, les questionnements arrivent timidement. « Ma mère, elle prend des coupes-faim », souffle une élève. Les produits pour maigrir, vantés par certains influenceurs, sont parfois dangereux pour la santé, répondent les professionnelles. Le magazine Complément d’enquête en a fait l’état le 11 septembre.

Un autre élève : « Pendant un moment, je ne mangeais que de la viande blanche.» Signe que les influences opèrent, aucune explication à cela ne peut être fournie par l’adolescent. Le tropisme des gros muscles s’impose, au risque de rendre malade. Les diététiciennes rappellent sans jugement que « les corps d’Instagram ne sont pas des repères. Il ne faut pas se fier à cela.»

La cloche sonne. Vient l’heure de souffler. « C’est super bon, les réglisses », sourit une élève, en quittant le cours. Le cadre est posé, le travail reste entier.