France
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Antoine Griezmann, le juste milieu

On le sait, Didier Deschamps est connu pour son pragmatisme. En face d’une difficulté, il s’adapte toujours. Depuis le début de la Coupe du monde au Qatar, un joueur illustre à merveille cette capacité du sélectionneur à répondre à chaque problème par une solution. Habituellement positionné sur le front offensif, Antoine Griezmann occupe désormais un poste de meneur de jeu reculé, à mi-chemin entre les milieux défensifs et les attaquants, dont le rendement rejaillit sur le jeu pratiqué par l’équipe de France. Une liberté sur le terrain qui constitue un véritable atout alors que les Bleus entrent dans une nouvelle phase du tournoi, à élimination directe, avec, dès dimanche 4 décembre, le huitième de finale face à la Pologne (TF1,  16 heures).

C’est un véritable coup tactique réussi par Didier Deschamps. Avec la cascade de joueurs forfaits et notamment ceux au milieu, Paul Pogba et N’Golo Kanté, Deschamps a été obligé de modifier son système de jeu. Alors qu’il alignait jusqu’à présent un trio d’attaquants, le sélectionneur fait maintenant évoluer les Bleus avec quatre joueurs offensifs, dont Antoine Griezmann qui officie à la baguette. Positionné un peu plus bas dans l’entrejeu, l’avant-centre de ­l’Atlético Madrid se mue à la fois en récupérateur, mais aussi en relayeur et créateur avec quantité de bons ballons fournis à Kylian Mbappé, Olivier Giroud et Ousmane Dembélé. « Il marquera moins de buts, certainement, parce qu’il y a du monde devant, mais il est si utile, intelligent, pour faire les compensations et permettre à l’équipe d’avoir un bon équilibre tout en ayant beaucoup de joueurs offensifs », souligne le sélectionneur.

De fait, on le voit beaucoup courir avec ou sans avoir la possession, il multiplie les replis défensifs, n’hésite pas à tacler et se projette vers l’avant pour créer le danger dès qu’il en a l’occasion. Hugo Lloris, le capitaine, loue la capacité d’Antoine Griezmann à « faire jouer l’équipe, dans une position un peu inhabituelle. Il aime toucher le ballon, et surtout il fait les efforts avec le ballon et sans ballon ». Face à l’Australie (4-1) et le Danemark (2-1), on l’a vu partout entre les milieux défensifs Aurélien Tchouaméni et Adrien Rabiot, et le trident offensif. « Antoine est un milieu de terrain dans l’âme, avec le sens du sacrifice et un gros volume de jeu, pointe Olivier Giroud, qui joue en pivot avec lui. C’est un poste qu’il peut assumer totalement. »

Un positionnement inhabituel pour celui qui a inscrit 42 buts en 113 sélections depuis 2014. À seulement 9 unités derrière les recordmen Thierry Henry et Olivier Giroud (51 buts). Mais l’attaquant des Colchoneros est aussi un joueur collectif qui aime faire briller ses coéquipiers. Face au Danemark, en offrant à Kylian Mbappé son deuxième but à la 86e minute, il a réussi une 26e passe décisive sous le maillot bleu, devenant le deuxième passeur de l’histoire de l’équipe de France, à égalité avec Zinedine Zidane et à une longueur de Thierry Henry. Quand on lui fait remarquer sa polyvalence, il préfère relativiser en mettant en avant le collectif : « Je suis fier de ça, mais je retiens le travail de l’équipe à côté de mon travail offensif et défensif. C’est vrai qu’il y a les stats, et on ne regarde que ça, mais tout le monde a fait un effort », a-t-il précisé après la victoire.

Didier Deschamps lui a toujours fait confiance

L’équipe de France a toujours constitué un refuge pour Antoine Griezmann dans lequel il a pu se ressourcer quand les choses allaient moins bien. L’attaquant n’a pas la mémoire courte. En difficulté ces dernières saisons après un passage raté au FC Barcelone de 2019 à 2021, où il a été transféré pour 120 millions d’euros, puis un retour compliqué à l’Atlético sous forme de prêt avec moins de temps de jeu et une partie du public qui ne lui a pas pardonné son départ, le natif de Mâcon (Saône-et-Loire) a malgré tout conservé sa place et son statut chez les Bleus. Si le retour de Karim Benzema a dilué son influence dans le jeu, Didier Deschamps lui a toujours fait confiance. Réconcilié avec les supporters madrilènes et transféré jusqu’en 2026, le champion du monde a retrouvé sa sérénité et son niveau de jeu. Pour le plus grand bonheur des Bleus.