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Après l’interdiction des néonicotinoïdes, les cultivateurs de betteraves du Pas-de-Calais tiraillés entre le bio et l’agriculture conventionnelle

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VIllage du Pas-de-Calais, France, le 6 février 2023.
BRUNO FERT POUR « LE MONDE »
Par Rémi Barroux

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ReportageL’annonce par le gouvernement, en janvier, de la fin de la dérogation permettant d’utiliser des semences enrobées de néonicotinoïdes a pris de court les agriculteurs, qui doivent trouver des moyens de pallier l’usage de ces produits dits « tueurs d’abeilles ».

Mercredi 8 février, Christophe Mullie va se lever encore plus tôt que d’habitude pour attraper le car qui doit l’emmener manifester à Paris : rendez-vous à 6 heures au péage près d’Arras. Cet agriculteur de 61 ans, dont la ferme de quelque 300 hectares se trouve au sud de la ville, à Foncquevillers, répond à l’appel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) Grand Bassin parisien, qui regroupe douze fédérations départementales, des Jeunes agriculteurs et, entre autres, de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), dont il présida l’antenne départementale de 2016 à 2021.

« On en a ras le bol, c’est facile de trouver des boucs émissaires. Les agriculteurs sont stigmatisés, on leur colle de plus en plus d’interdictions et on se retrouve sans issue », avance Christophe Mullie, qui cultive du blé, de la betterave sucrière (sur 45 hectares), des pommes de terre… Une analyse partagée par sa fille de 37 ans, Agathe, qui s’apprête à prendre la direction de la ferme. Diplômée de pharmacie, et ayant occupé des postes à responsabilité dans ce secteur, elle avoue son incompréhension. « Agricultrice, c’est un métier passionnant dont je suis fière, sous-estimé par la population, mais je suis sidérée par le nombre de réglementations, de complications administratives, autant que dans le secteur du médicament », confie Agathe, un œil sur les nombreux retrievers de la Nouvelle-Ecosse, de magnifiques chiens roux qui s’agitent autour d’elle.

Dans le collimateur de la CGB, à l’origine de la mobilisation, la fin de la dérogation décidée par le gouvernement – à la suite d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne demandant à la France de se mettre en conformité avec la réglementation – qui permettait aux betteraviers d’utiliser des semences enrobées de néonicotinoïdes.

« Une aberration »

« Je n’ai pas vu venir l’interdiction et si j’avais su, j’aurais révisé à la baisse mon contrat avec Tereos [ce groupe coopératif sucrier possède 44 sites industriels dont plus d’une dizaine dans les Hauts-de-France, et rassemble 12 000 associés coopérateurs pour un chiffre d’affaires de 5,1 milliards d’euros en 2021-2022]. Ces contrats, qui portent sur cinq ans, devaient être renouvelés avant le 31 décembre 2022 et l’interdiction par le gouvernement des néonicotinoïdes est tombée le 23 janvier. Je ne sais pas ce que je vais faire. En 2022, alors que leur usage était autorisé, par dérogation, j’ai pu faire 97 tonnes l’hectare. En 2020, quand ils étaient interdits, j’ai eu une perte de 10 % à 20 % », raconte l’agriculteur.

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