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Après le séisme, une aide internationale sous tension

Les secouristes continuent, ce jeudi, de fouiller les décombres pour tenter de trouver des survivants alors que le bilan dépassait, mercredi en fin de journée, 11 200 morts et 55 000 blessés. Les premières équipes de secouristes étrangers sont arrivées mardi en Turquie. L’Union européenne a mobilisé à elle seule 1 500 sauveteurs en renfort auprès de 20 États membres. Des secours arrivent également de la Chine, des États-Unis et même de l’Ukraine.

La mobilisation de l’aide auprès des Syriens s’avère plus complexe. Dans les zones rebelles du nord et de l’ouest de la Syrie, les casques blancs sont en première ligne. Ces sauveteurs civils syriens interviennent depuis dix ans déjà dans les zones insurgées et, depuis lundi, ils sont environ 3 300 déployés sur le terrain. Ils ont annoncé sur Twitter avoir déjà secouru plusieurs centaines de personnes et ont lancé un appel à l’aide à la communauté internationale.

Le Croissant-Rouge syrien est, de son côté, le principal opérateur des premiers secours en zone gouvernementale, aidé par la Russie et quelques pays arabes. « J’appelle tous les pays de l’UE à lever les sanctions économiques contre la Syrie », a déclaré Khaled Haboubati, directeur de l’organisation. Ces sanctions économiques, prises notamment par l’Union européenne, les États-Unis et le Canada contre le régime de Bachar Al Assad, courent depuis 2011. Damas a officiellement demandé, ce mercredi 8 février, à l’UE d’étendre à la Syrie son mécanisme de protection civile. Le commissaire européen Janez Lenarcic dit « encourager les États membres à répondre favorablement » mais tient à s’assurer « que l’aide ne sera pas détournée ».

Dans les semaines et les mois qui viennent, il va falloir protéger les civils blessés et privés de leur habitation, désencombrer les immeubles effondrés et rétablir les infrastructures. Beaucoup d’ONG internationales sont déjà sur place, mobilisées par douze années de conflit, notamment auprès des déplacés du nord-ouest de la Syrie et des réfugiés en Turquie. Elles opèrent auprès des organisations de la société civile syrienne et c’est à travers elles que les pays financeurs privilégient pour l’instant leur soutien.

Les Nations unies tentent sur place de prendre la coordination de la réponse humanitaire et appellent à ne pas politiser l’aide internationale. Cela semble illusoire quand on connaît les relations complexes de nombreuses puissances étrangères avec la Turquie et la Syrie. La politique d’ouverture et de fermeture de la frontière turco-syrienne pourrait servir d’outil de négociation avec les puissances qui financent les secours des deux côtés, à commencer par l’Union européenne, alors qu’il ne reste aujourd’hui qu’un point de passage par lequel transite l’aide. Pour Bayram Balci, chercheur à Sciences-Po, « le séisme pourrait accélérer le rapprochement entre Damas et Ankara » opéré depuis plusieurs semaines déjà. À trois mois des élections présidentielles en Turquie, mi-2023, Erdogan affiche sa volonté de renvoyer un million de Syriens dans leur pays, comme le réclame une partie de l’électorat.