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Après un incendie mortel, des manifestations éclatent au Xinjiang contre le confinement

“Des centaines de personnes sont descendues dans les rues d’Urumqi dans la soirée de vendredi [25 novembre], écrit le Nikkei Asia, pour scander : ‘Levez le confinement !’”. Dans cette ville de 3,5 millions d’habitants, capitale de la province ouïgoure du Xinjiang, l’incendie d’un immeuble résidentiel a coûté la vie à dix personnes, provoquant de vives réactions de la population. Les manifestants dénoncent la rigueur du confinement qui leur est imposé depuis plus de trois mois, et font le lien entre ces restrictions et la gravité de l’incendie.

En Chine, le nombre de contaminations au Covid-19 connaît en ce moment une hausse sans précédent. Pékin a indiqué le 24 novembre que 31 444 infections avaient été recensées la veille dans le pays, un chiffre qui constitue “le record de cas depuis le début de la pandémie”, relevait la BBC. Le média britannique précise tout de même qu’il s’agit “de chiffres très faibles pour un pays de 1,4 milliard de personnes”. La Chine, qui applique depuis le début de la pandémie une politique “zéro Covid”, a donc imposé des reconfinements dans plusieurs villes et provinces, provoquant notamment “une explosion de colère” dans la ville de Guangzhou, ou encore de violentes manifestations dans une usine Foxconn à Zhengzhou.

Enfermés et surveillés depuis trois mois

“Mais au Xinjiang, où vivent les Ouïgours et d’autres minorités principalement musulmanes [persécutées en Chine], la durée du confinement bat tous les records, précise le Nikkei Asia, sans qu’on puisse en entrevoir la fin”. Les autorités ont “commencé à boucler Urumqi le 10 août”, et en cette fin novembre, les restrictions n’ont toujours pas pris fin.

“Nous sommes confinés depuis plus de 100 jours”, se plaint un habitant cité par le Nikkei :

“Tous les jours, les gens sont enfermés chez eux. Il n’y a pas d’aide financière de la part du gouvernement.”

Des millions de personnes font toujours l’objet de contrôles stricts au Xinjiang, “ce qui constitue, selon des voix critiques, une aggravation de la persécution massive à l’égard des minorités” en Chine, ajoute l’hebdomadaire japonais.

Bien qu’on ignore si l’incendie mortel d’Urumqi a un lien direct avec les règles de confinement, “un habitant de l’immeuble a déclaré à la BBC que les résidents n’étaient autorisés à quitter leur domicile que pour de courtes périodes chaque jour, et que leurs horaires de sortie étaient surveillés par les autorités”.

Les victimes auraient-elles pu être évitées ?

Ces dernières nient la possibilité que les victimes de l’incendie aient pu être empêchées d’échapper aux flammes à cause du confinement, mais “le scénario selon lequel des habitants qui auraient été bloqués dans leurs appartements ou leur immeuble est cohérent avec la manière dont les confinements ont été mis en place dans de nombreuses régions du pays”, souligne le New York Times. “Les barricades de fortune et le verrouillage des portes sont devenus un élément clé des pratiques visant à empêcher les personnes susceptibles d’avoir été exposées au virus de sortir”.

Sur les réseaux sociaux, des publications suggèrent également “que les efforts des pompiers pour maîtriser les flammes ont été ralentis par les restrictions liées au Covid-19”. Des images montrant des camions de pompiers bloqués pour un contrôle ont été très relayées sur les réseaux sociaux. Le chef des pompiers de la ville, Li Wensheng, “reconnaît que les camions ont été bloqués”, indique le New York Times, mais affirme que ce sont “des voitures garées dans le quartier” qui en étaient la cause.

Des annonces pour tenter d’apaiser la colère

Reste que l’incendie a été le drame de trop : vendredi 25 novembre au soir, de nombreuses images ont circulé sur les réseaux sociaux, montrant des manifestants se rassembler en très grand nombre devant un bâtiment officiel de la ville.

Ce samedi 26 novembre, “les allusions aux manifestations d’Urumqi sont massivement supprimées” par les autorités, observe la BBC. En parallèle, Sui Rong, en charge de la propagande à Urumqi, a déclaré que la ville avait “éliminé les cas de Covid”, rapporte CNN, et annoncé un assouplissement du confinement.

Elle n’a en revanche “pas reconnu que des manifestations avaient eu lieu, ni n’a précisé de temporalité pour l’assouplissement des restrictions ou spécifié combien d’habitants pourraient quitter leur domicile ou leur résidence”.