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Architecture : à Roubaix, la révolte des habitants du quartier de l’Alma-Gare

Un collectif de Roubaisiens s’élève contre la démolition de leurs immeubles, situés dans une zone très dégradée, dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain.

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« Non à la démolition dans le quartier de l’Alma-Gare. » Sous cette bannière, un collectif s’est constitué au mois d’août 2022 pour s’opposer à un plan de rénovation conçu pour ce morceau de ville, le plus défavorisé de Roubaix, dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Personne ne nie que l’Alma-Gare a besoin d’un plan. L’habitat y est terriblement dégradé : problèmes d’infiltration, de cafards, de rats, poubelles qui débordent, pannes régulières de chauffage, d’eau chaude… Ce qui fait enrager les membres du collectif, c’est le mode opératoire, qui passe par la démolition de 486 logements, la réhabilitation de 390 autres, et qui va conduire à reloger des centaines de familles hors du quartier. Le plan prévoit, en outre, la construction de 90 logements neufs, de nouveaux équipements, espaces publics et espaces verts…

Après avoir vécu parfois une vie entière dans des conditions indécentes, les habitants comprennent mal que les moyens que l’on décide finalement d’investir dans le quartier profitent à d’autres qu’eux. « Pour les pouvoirs publics, on n’est pas des êtres humains, seulement des numéros de porte », peste une jeune mère de famille qui ne veut pas partir. Native du quartier, elle porte le voile, et son mari, engagé comme elle dans le collectif, une barbe fournie. « Ils nous l’ont dit, qu’ils voulaient changer la population, renchérit-il. “Dé-den-si-fier”. Ils appellent ça la mixité sociale. C’est ça, le “grand remplacement”. C’est nous qu’ils essayent de “grand-remplacer”. »

Ces militants en herbe arrivent après la bataille, leur rétorque-t-on à la mairie. Le plan est dans les tuyaux depuis 2014. Des réunions d’information ont été organisées à partir de 2016. « Mais les enjeux n’étaient pas clairs à l’époque », soutient Florian Vertriest, fondateur du collectif. Telle qu’elle était présentée par la communication lénifiante de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), l’opération s’annonçait sous un jour favorable. Tout le monde n’a pas reçu les tracts, tout le monde n’a pas compris l’enjeu des réunions, dont certaines, qui plus est, se sont tenues en visioconférence alors que le quartier pâtit, entre autres, de la fracture numérique.

Florian Vertriest, fondateur du collectif : « On nous avait laissé entendre qu’on pourrait se réinstaller dans le quartier. On a compris que ça n’allait pas être le cas, que le projet était basé sur pas mal de mensonges »

Les réunions elles-mêmes ont beaucoup été critiquées. « Les gens arrivaient avec leurs problèmes particuliers de chauffage, de vandalisme, raconte Christian Carlier, conseiller municipal (Europe Ecologie-Les Verts). C’était important, bien sûr. Mais sur la stratégie globale, on ne pouvait pas réagir. Tout partait de ce vieil a priori qu’il faut démolir le maximum pour vider le quartier au maximum de sa population. Les hypothèses n’étaient pas explicitées… alors que le sujet est hypercomplexe ! Le plan de l’ANRU, c’est un document technique de plusieurs centaines de pages. On ne peut pas s’attendre à ce que des gens qu’on réunit un soir de semaine, entre 18 heures et 20 heures, s’en emparent. »

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