France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Armes nucléaires russes en Biélorussie : l'UE menace Minsk de nouvelles sanctions

L'ombre de nouvelles sanctions plane sur la Biélorussie. Le feu a été mis aux poudres samedi par Vladimir Poutine. Le président russe avait affirmé que Moscou allait déployer des armes nucléaires « tactiques » sur le territoire de son allié, pays situé aux portes de l'Union européenne, sans préciser à quelle échéance. Une annonce qui a fait réagir l'UE dès le lendemain, par la voix de son chef de la diplomatie. De son côté, Moscou ne changera pas ses plans malgré les critiques occidentales, a rétorqué le Kremlin ce lundi.

La Russie va baser des armes nucléaires tactiques en Biélorussie, aux portes de l'UE et de l'OTAN

« L'accueil par le Bélarus d'armes nucléaires russes constituerait une escalade irresponsable et une menace pour la sécurité européenne. Le Bélarus peut encore arrêter cela, c'est son choix. L'UE se tient prête à réagir par de nouvelles sanctions », a déclaré Josep Borrell sur Twitter.

Aucune précision n'a toutefois été donnée sur la forme que pourraient prendre ces sanctions. L'UE avait annoncé fin février la prolongation d'un an de celles déjà mises en place contre la Biélorussie, jusqu'au 28 février 2024. Elles ont été prises en raison de la répression menée par le régime d'Alexandre Loukachenko et de son soutien à la guerre menée par la Russie en Ukraine. Elles datent d'ailleurs d'avant l'offensive russe puisque les premières remontent au mois d'août 2020.

Parmi elles figurent l'interdiction de séjour du président Alexandre Loukachenko et 194 autres personnalités proches du régime ainsi que le gel de leurs avoirs. 34 entités ont été sanctionnées et tout financement européen leur est interdit. Le pays est également soumis à des sanctions économiques ciblées, notamment des restrictions dans le secteur financier, le commerce, les biens à double usage, les télécommunications, l'énergie, les transports.

Condamnation unanime

L'Otan s'est également exprimé sur ce déploiement d'armes nucléaires. « La rhétorique nucléaire de la Russie est dangereuse et irresponsable. L'Otan est vigilante et nous suivons de près la situation », a déclaré la porte-parole de l'Alliance, Oana Lungescu.

Vladimir Poutine a justifié le déploiement d'armes nucléaires dans ce pays par les déploiements d'armes américaines en Europe. « Il n'y a rien d'inhabituel ici : les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés », a déclaré le président russe. « Nous avons convenu de faire de même », a-t-il ajouté, en précisant avoir l'accord de Minsk.

Pour l'Otan, « la référence de la Russie au partage nucléaire de l'Otan est totalement trompeuse. Les alliés de l'Otan agissent dans le plein respect de leurs engagements internationaux. La Russie n'a cessé de violer ses engagements en matière de maîtrise des armements, suspendant dernièrement sa participation au nouveau traité START », a réagi la porte-parole. « La Russie doit revenir au respect de ses engagements et agir de bonne foi », a-t-elle ajouté.

L'Alliance a toutefois indiqué ne pas voir de raison de modifier sa position en matière nucléaire. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a également affirmé que rien, à ce stade, n'amenait les États-Unis « à changer (leur) positionnement en matière de dissuasion stratégique ».

La Russie sort de l'accord New Start sur le désarmement nucléaire et menace Washington de tests nucléaires

Premier pays occidental à réagir à l'annonce de Vladimir Poutine, l'Allemagne a dénoncé une « nouvelle tentative d'intimidation nucléaire » de la part de Moscou. La France a elle aussi condamné dimanche la décision de Moscou. Elle « appelle la Russie à faire preuve de la responsabilité attendue d'un État doté de l'arme nucléaire et à revenir sur cet accord déstabilisant », a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.

Les États-Unis déploient de nouvelles sanctions contre la Biélorussie

Avant même l'annonce de la Russie, les États-Unis avaient déjà fait savoir qu'ils prenaient de nouvelles sanctions contre le régime biélorusse. Elles visent notamment l'avion du président Alexandre Loukachenko. Le département du Trésor a « bloqué » le Boeing 737 utilisé par le dirigeant pour des voyages officiels ou privés, ce qui compliquera sa maintenance. Les transactions en dollars liées à l'appareil ou la livraison de pièces détachées sont théoriquement interdites par cette mesure.

Le Trésor a également pris des sanctions à l'encontre de deux entreprises publiques : BelAZ, qui vend des camions-bennes dans le monde entier, et MAZ, qui fabrique des camions et des autocars. Washington les accuse d'avoir « intimidé les employés qui ont participé aux grèves et aux manifestations pacifiques après l'élection présidentielle truquée d'août 2020 », MAZ les ayant même licenciés.

Le Trésor a aussi ajouté à la liste des personnes soumises à des sanctions les nouveaux membres de la Commission électorale du pays, elle-même déjà concernée.

« Les États-Unis vont continuer à pénaliser le régime et ceux qui soutiennent la répression de la population du Bélarus, et leur soutien à la guerre illégale de la Russie en Ukraine », a déclaré le secrétaire d'Etat Antony Blinken dans un communiqué distinct.

(Avec AFP)