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Ars : Le diagnostic archéologique torpille le lotissement

Ars : Le diagnostic archéologique torpille le lotissement
Le maire d’Ars, Dominique Burtin, devant le terrain où devaient être construits vingt pavillons.

Photo Fanny Perrette

Par Fanny PERRETTE - f.perrette@charentelibre.fr, publié le 25 septembre 2022 à 18h07.

À Ars, un diagnostic de l’Inrap a révélé des vestiges d’un village médiéval sur le terrain où devaient pousser vingt pavillons. L’abandon du projet est de mauvais augure pour l’avenir du village.

C’est une bien mauvaise nouvelle pour la petite commune d’Ars. Vingt pavillons devaient sortir de terre sur un terrain vierge d’1,6 hectare situé entre le restaurant La Belle Histoire et le cimetière. Le premier coup de pelleteuse aurait dû être donné en ce moment même. Le projet a été stoppé net par la découverte de vestiges archéologiques lors d’un diagnostic réalisé par l’Institut national de recherches archéologiques...

C’est une bien mauvaise nouvelle pour la petite commune d’Ars. Vingt pavillons devaient sortir de terre sur un terrain vierge d’1,6 hectare situé entre le restaurant La Belle Histoire et le cimetière. Le premier coup de pelleteuse aurait dû être donné en ce moment même. Le projet a été stoppé net par la découverte de vestiges archéologiques lors d’un diagnostic réalisé par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Les cinq grandes tranchées creusées ont révélé des traces d’occupation médiévale ainsi que des indices d’occupation plus ancienne. Dès lors, des fouilles archéologiques étaient indispensables à la poursuite du projet. Inenvisageable pour le promoteur immobilier.

J’ai l’impression qu’à travers ces fouilles, on tue petit à petit les petites communes.

« Cela aurait eu pour conséquence une immobilisation du terrain pour environ au moins un an et un coût d’au moins 500.000 € de financement des fouilles, observe le promoteur Romain Miot, gérant de la société Rar Invest, de Gensac. 80 % du projet était impacté, il ne restait presque rien en surface constructible. Sans l’augmentation du prix des matières premières, on aurait peut-être pu continuer. C’est dommage, c’était un projet qui me tenait à cœur. Cela faisait trois ans que l’on travaillait dessus. On en était même à choisir la couleur du carrelage. »

Cette découverte n’a rien de surprenant au vu du fort patrimoine médiéval connu sur le territoire (les traces d’un village médiéval ont mis au jour au printemps à Genté). Mais l’annonce de l’abandon du projet est un sacré coup de massue pour la municipalité. Le maire, Dominique Burtin, comptait sur ces nouvelles habitations pour donner un coup de jeune au village. « Ça me chagrine beaucoup, confie l’édile. J’ai l’impression qu’à travers ces fouilles, on tue petit à petit les petites communes. »

Une perte pour la commune

Des discussions étaient même engagées avec la BA 709 attenante pour accueillir des familles de militaires. L’installation de jeunes couples dans ce petit bourg de 700 habitants aurait boosté la consommation locale et leurs enfants auraient gonflé les rangs de l’école communale. Dans l’état actuel des choses, le maire craint qu’elle ne soit en danger. S’il n’est pas impossible que ce terrain voie un jour se dresser des maisons, le financement de ces fouilles archéologiques en est la condition sine qua non.

Avec l’abandon de ce projet, se pose en filigrane la question de l’avenir de la commune et de son expansion. Dominique Burtin craint qu’à terme d’autres projets soient obstrués par la présence de vestiges du passé. D’autant plus qu’un autre diagnostic est en cours pour un projet de construction de quatre pavillons rue du Moulin Foucault.

La problématique ne se pose heureusement pas lorsque des particuliers construisent sur une petite surface. Dans ce cas de figure, il est (très) rare que l’Inrap demande un diagnostic archéologique. Seulement, des terrains constructibles à Ars, il n’y en a pas tant que ça…

Un abandon prématuré ?

Contacté, l’Inrap s’étonne de l’arrêt du projet. « Le rapport du diagnostic n’a pas encore été remis, indique Gwénaëlle Marchet-Legendre, conservatrice archéologique régionale adjointe au SRA Poitiers. Le projet a été abandonné avant même d’avoir pu être modifié ou de connaître ce qu’il y avait à faire. »
L’archéologue explique que des alternatives existent dans ce genre de cas. Des fouilles archéologiques (plus poussées qu’un simple diagnostic) permettent d’établir des plans d’aménagement pour éviter a minima d’impacter les vestiges. Une option qui n’a pas été retenue par la Rar Invest. « Même avec les subventions qui auraient pu être accordées par l’État, le coût du financement de ces fouilles restait très élevé. Avec l’augmentation du prix des matières premières, on ne s’en serait jamais sorti », estime Romain Miot.