France
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Arthur Delaporte : «La macronie aura du mal à défendre le bien-fondé de sa réforme des retraites»

Coup d’envoi des hostilités. Lundi, la réforme des retraites du gouvernement arrive à l’Assemblée nationale, où les députés commenceront à étudier le texte en commission. Contrairement à 2020, où La France insoumise avait décidé de déposer 17 000 amendements, la Nupes a choisi une autre stratégie : avec 6 000 amendements, elle veut privilégier un examen poussé de tous les chapitres du projet de loi, explique le député socialiste Arthur Delaporte, chef de file de son groupe sur le texte.

Pensez-vous que le texte peut être rejeté par les députés ?

Oui. A ce stade, il n’y a pas de majorité à l’Assemblée nationale sur ce projet de réforme. Déjà, parce que la majorité est minoritaire, mais aussi parce que les LR sont divisés. Aujourd’hui, il y a, au mieux la moitié des députés Les Républicains qui disent voter le texte du gouvernement. Je note aussi des divergences entre Renaissance et certains élus du Modem ou d’Horizons. Si on ajoute les quelques macronistes courageux qui ont prévenu qu’ils comptaient s’abstenir ou voter contre… Ça se tend pour la majorité.

Pourtant le gouvernement reste sur sa ligne. Elisabeth Borne affirme que le report de l’âge de départ à 64 ans «n’est plus négociable»

Au moins les choses sont claires. Le gouvernement est droit dans ses bottes et déclare la guerre aux Français en disant qu’il campera sur ses positions. La rue entend ces propos et il n’y a rien de mieux pour attiser les tensions que de se déclarer inflexible. Il y a une forme d’irresponsabilité d’Elisabeth Borne de s’arc-bouter sur cette position car cela complique les choses pour trouver des portes de sorties.

Quelle sera la stratégie de la Nupes pour mener la bataille ?

Nous avons décidé de déposer un grand nombre d’amendements sans entrer dans l’obstruction. Soit près de 6 000, en se donnant la possibilité d’en retirer pour doser la vitesse des débats, en fonction du temps que cela prend, puisque le gouvernement a décidé de limiter l’examen à un nombre de jours précis. Nos amendements visent à supprimer des articles du texte ou à créer des ressources alternatives. Puisque le gouvernement dit que le système court à sa perte et que l’on est obligé de reporter l’âge de départ à la retraite, on veut montrer que si on veut compenser un déséquilibre ponctuel, on a d’autres leviers. Enfin, on a aussi déposé des amendements «vie brisée» visant à montrer que la réforme va avoir des conséquences sur les trajectoires individuelles.

En 2020, les insoumis avaient choisi l’obstruction parlementaire. Pourquoi ne pas avoir fait ce choix cette fois ?

Parce que nous voulons aller au bout des débats. C’était trop facile pour le gouvernement de dire que si l’examen se passe mal c’est de la faute des oppositions alors qu’il est le seul responsable. Mais attention, notre but n’est pas de plier les débats en deux jours. Si on avait la stratégie du Rassemblement national, qui a déposé 75 amendements, ce serait fini en deux heures. A gauche, nous avons à cœur de montrer les absurdités du projet et de proposer des alternatives pour ne pas laisser le gouvernement passer en force sans un minimum de répondant du Parlement. La macronie aura du mal à défendre le bien-fondé de sa réforme. Ils s’attendaient à une obstruction bordélisante, nous serons une opposition tout simplement.

En cas de difficulté à faire passer son texte, le gouvernement a en sa possession le 49.3...

S’ils font ce choix, ils finiront par en payer les pots cassés… Les Français peuvent se remettre d’un passage en force sur un budget mais sur quelque chose qui touche directement leur vie et qui les pousse à travailler plus longtemps, non. Les gens leur tiendront rigueur de ce refus d’entendre la vox populi assez unanime contre la réforme.

Durant le congrès du PS, il a été reproché à la direction sortante de ne pas avoir de vision claire sur le texte…

Sur cette réforme, la ligne est claire : on refuse de manière absolue le report de l’âge légal. C’est aussi simple que basique.

La journée de mobilisation contre la réforme mardi sera-t-elle décisive ?

Une mobilisation équivalente ou plus forte que la semaine dernière enverrait un vrai signal à l’exécutif en montant que la dynamique du front du refus de la réforme ne s’essouffle pas. Mardi, nous pouvons faire reculer le gouvernement !