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Artistes françaises pour l’Iran : les dessous d’une vidéo choc

Une cinquantaine d’actrices, de chanteuses et d’avocates de l’Hexagone se sont coupé les cheveux en soutien au combat des manifestantes iraniennes.

Par Armin Arefi
La comedienne Juliette Binoche, ici le 19 septembre 2022 a San Sebastian, apparait en preambule de la video de soutien aux Iraniennes.
La comédienne Juliette Binoche, ici le 19 septembre 2022 à San Sebastian, apparaît en préambule de la vidéo de soutien aux Iraniennes.  © FPA / Full Picture Agency / Full Picture Agency via AFP
Publié le 05/10/2022 à 15h06

Temps de lecture : 4 min

C'est une initiative qui a mis du baume au cœur des femmes qui continuent à manifester en Iran malgré la répression. Dans une vidéo de solidarité diffusée ce mercredi matin sur les réseaux sociaux, une cinquantaine d'actrices, de chanteuses et d'avocates françaises de renom se coupent aux ciseaux une mèche de cheveux à l'image des Iraniennes qui réalisent ce geste depuis trois semaines lors des rassemblements en hommage à Mahsa Amini, jeune femme de 22 ans décédée le 15 septembre dernier après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour un voile mal porté.

« Pour la liberté », lance en préambule la comédienne Juliette Binoche, qui a travaillé avec l'illustre réalisateur iranien Abbas Kiarostami, décédé en 2016 en France. Lui emboîtent le pas de prestigieuses artistes du cinéma et de la chanson, telles que Marion Cotillard, Isabelle Adjani, Angèle, Isabelle Huppert, Juliette Armanet, Isabelle Carré, Jane Birkin ou Julie Gayet, qui se coupent chacune une mèche de cheveux – et certaines jusqu'à une poignée entière – en soutien à la lutte des Iraniennes. Des avocates ont également participé.

Aide de Julie Gayet

Les séquences vidéo sont entrecoupées de textes qui racontent le tragique destin de Mahsa Amini ainsi que les motivations des femmes qui descendent dans la rue en Iran. Le tout est accompagné en fond sonore de la reprise en persan du tube mondial « Bella Ciao » par l'artiste iranienne Gandom, devenu l'un des hymnes de la révolte contre la République islamique. Il s'achève par un dessin de Marjane Satrapi, l'autrice de la fameuse BD Persépolis.

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À l'origine de la vidéo, l'avocat français Richard Sédillot, qui, ému par le combat des Iraniennes, a souhaité leur donner une plus grande visibilité. « J'ai suivi de très près la lutte des femmes en Iran contre le port du voile obligatoire et j'ai constaté chez elles un désir d'obtenir une manifestation de soutien extérieur », explique-t-il au Point. « Après avoir beaucoup discuté avec des amis d'origine iranienne sur ce que l'on pouvait faire, je me suis dit que cette vidéo enverrait un formidable message de solidarité permettant d'attirer la communauté internationale sur ce qui se passe dans le pays. » Grâce au concours de la productrice Muriel Sauzay et de l'actrice Julie Gayet, l'avocat spécialiste des dossiers internationaux parvient à rassembler en un temps record une cinquantaine de personnalités en faveur de l'Iran.

Pas d'impact sur le terrain

« C'est un message militant, artistique et féministe extrêmement important car il porte la voix de toutes ces jeunes filles qui risquent leur vie au quotidien en Iran pour récupérer leurs droits », estime Asal Bagheri, chercheuse et enseignante spécialiste du cinéma iranien à l'université de Cergy-Pontoise. « Maintenant, s'il est reçu avec plaisir par de nombreuses manifestantes, il va très peu impacter la situation sur le terrain. »

L'initiative vient également répondre à l'appel à l'aide internationale lancé par le réalisateur iranien Asghar Farhadi, le 25 septembre dernier. Dans une vidéo publiée sur son compte Instagram, l'auteur du film multiprimé Une séparation avait rompu avec sa prudence habituelle vis-à-vis du régime en exhortant les peuples du monde entier à « être solidaires » du combat des Iraniens dans la rue, ouvrant une boîte de Pandore dans laquelle se sont depuis engouffrés de nombreux artistes vivant en Iran.

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Actrice fétiche d'Asghar Farhadi, Taraneh Alidousti, rôle principal du Client en 2016, a emboîté le pas au réalisateur en se faisant la porte-parole des Iraniennes : « Nous ne nous tairons pas ! Nous sommes debout ! Femme, vie, liberté ! » a-t-elle écrit sur sa page Instagram en reprenant les trois mots d'ordre de la contestation en Iran. Dans la foulée, la prestigieuse actrice iranienne Fatemeh Motamed-Arya a décidé de retirer son voile obligatoire mardi 27 septembre, à l'occasion de funérailles publiques organisées à Téhéran, un geste de défiance sans précédent envers la République islamique imitant celui qu'effectuent nombre de manifestantes en pleine rue.

Première étape d'une vaste campagne

À en croire l'avocat Richard Sédillot, la vidéo de soutien des artistes françaises en faveur des Iraniennes ne serait que la première étape d'une campagne de solidarité plus large. « Il y aura d'autres actions collectives de soutien, sur le plan tant politique que juridique, permettant, je l'espère, in fine d'introduire des recours devant les institutions internationales pour aider ceux qui se battent en Iran, affirme-t-il. Je trouve que les prises de parole de certains de nos gouvernants ne sont pas assez fortes par rapport aux enjeux sur le terrain, et beaucoup sont arrivées bien trop tard. »

Vingt jours après que la révolte a éclaté contre la République islamique, le président français Emmanuel Macron, qui avait déjà choqué en Iran en rencontrant son homologue iranien Ebrahim Raïssi le 20 septembre dernier, n'a toujours pas condamné la féroce répression des manifestations en cours dans le pays.

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