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Attaques à l’arme blanche : radioscopie d’une vague de violence nouvelle

A Annecy, sur les lieux de l’attaque au couteau, le 8 juin 2023.

© OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP

Mode opératoire

L’attaque d’Annecy, survenue jeudi 8 juin à 9h45, a suscité une vague d’émotion unanime au sein du monde politique. Radioscopie d'une nouvelle forme de violence qui semble émerger en Europe occidentale

Atlantico : En 2021, Valérie Boyer estimait que le nombre de victimes d'agressions à l'arme blanche était monté à 44 000 entre 2015 et 2017, soit plus de 120 victimes par jour en moyenne. Que savons-nous de la validité de ces chiffres ? 

Xavier Raufer : C'est l'approximation d'un quotidien, partant de données d'un organisme liquidé en 2020, par ukase de MM. Philippe et Macron, l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. Sans doute encore trop indépendant, cet organisme a vu ses compétences et personnels (en partie) ventilés dans les ministères ou institutions sous ferme contrôle officiel. En matière de crime, partout où ils le peuvent au monde, les libéraux-libertaires cassent les thermomètres mesurant ces phénomènes qui accablent une population vouée à subir en silence ; surtout, à ignorer l'aggravation des cambriolages, agressions, homicides, etc., ce qui pourrait la pousser à mal voter...

Pourquoi n’avons-nous pas des chiffres plus récents en la matière ? 

D'abord, le thermomètre a été cassé en 2020, sur ordre du gouvernement ; aussi, le système statistique du ministère de l'Intérieur, comme d'ailleurs celui de la Justice, sont limite antédiluviens - et quasi-incompatibles l'un avec l'autre. Et l'Intérieur ne publie rien sur les divers types d'homicides, ces données-là demeurant dans des dossiers de diverses directions. Sur les 107 index de "l'ÉTAT 4001", où police et gendarmerie notent chaque mois les infractions constatées à l'échelle départementale, les homicides sont ainsi ventilés :

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Cet index interdit absolument de savoir si le trucidé est mort d'une balle, poignardé, empoisonné - et où. Il serait ainsi bon de savoir qui est tué et comment, dans les zones hors-contrôle romantiquement appelées "Quartiers perdus de la République", notamment en matière de règlements de comptes, avec quelles armes, etc. Cela, la statistique du ministère de l'Intérieur (SSMSI), telle que publiée, l'interdit.

D'autres tableaux ou fiches du SSMSI classent les homicides (âge et sexe... règlements de comptes... Lors de vols... coups et blessures mortels... Homicides intentionnels sur majeurs ou mineurs... Traitement judiciaire ultérieur...) Rien là-dedans de criminologique, nulle donnée utilisable ensuite pour cerner le phénomène homicide en France, ce, de façon évolutive. On est dans le strict service minimum.

Les éléments dont nous disposons laissent-ils malgré tout penser que le phénomène est en train de s’intensifier ? 

Il augmente certes dans les zones hors-contrôle, où les bandes juvéniles sont livrées à elles-mêmes. Pour les gangs organisés, la préférence va en général à l'arme à feu, d'abord l'arme de guerre, plus effrayante pour la concurrence. On voit parfois un individu lynché ou poignardé à mort, mais c'est peu fréquent.

Quels sont les motifs derrière ces attaques à l'arme blanche ? Et l'explication à leur évolution ?

Des bagarres territoriales entre bandes juvéniles, des affaires de vol tournant mal, rien là-dedans de "stratégique" ; du menu fretin, lors d'"embrouilles" locales. Il s'agit d'abord de se faire "respecter" par la cité voisine. Comme l'enseigne la criminologie, les malfaiteurs ne s'arrêtent que si on les arrête : les laisse-t-on faire, ils aggravent leur prédation. Donc, se heurtent à d'autres bandes, d'où batailles à l'arme blanche, etc. Mais l'essentiel de tout ça concerne les zones hors-contrôle, n'occupant que quelques fragments de l'espace métropolitain. Ainsi, rapporté à toute la population nationale, cela ne fait pas bondir les estimations - en l'absence de statistiques sérieuses.

Restent les cas pathologiques, surineurs familiaux, fanatiques etc... Là, absence totale de données. Depuis des années, un ami collationne de ces cas fugitivement rapportés par les médias, ou un homme, souvent nommé "cas pathologique", agresse ou poignarde des passants, voisins, etc. Où cela advient-il ? Qui sont ces agités ? Cet ami dispose de multiples cas dans sa recherche personnelle. Je ne suis pas sûr que l'Intérieur ou la Justice en sachent autant que lui.

Que savons-nous de la tendance sur les attaques à l’arme blanche dans les autres pays occidentaux ? Que faire face à cette tendance ?

L'Europe est d'usage peu meurtrière (de 1 à 2 homicides pour 100 000 habitants) ; là-dedans, quelques dixièmes de pourcents d'homicides à l'arme blanche. L'équivalent de l'INSEE pour l'Union européenne, EUROSTAT est censé compiler tout ça - mais opère, disons, avec une sage lenteur : là non plus, rien de récent. Le Royaume-Uni part de très bas en matière de crimes de sang, à l'arme blanche notamment. Depuis en gros 2010, des batailles de bandes de jeunes immigrés ont fait des morts, et plus encore de blessés. La population britannique, peu habituée à ça, s'est émue. Or tout cela coïncide avec des gouvernements conservateurs, convertis fanatiques au libéralisme-libertaire californien. Mme Theresa May, notamment, a disloqué ; limite, saigné à mort, la police et la justice britannique. La superbe - et bienveillante - police métropolitaine londonienne - Scotland Yard - a notamment été massacrée.

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