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Attentats à Jérusalem : les « familles de terroristes » privées de sécurité sociale

Benyamin Netanyahou a annoncé des mesures visant à révoquer certains droits des proches des auteurs d’attentats anti-israéliens commis ce week-end.

Source AFP
Le cabinet de securite de Benyamin Netanyahou s'est reuni dimanche 29 janvier.
Le cabinet de sécurité de Benyamin Netanyahou s'est réuni dimanche 29 janvier. © RONEN ZVULUN / POOL / AFP

Temps de lecture : 4 min

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Après les attentats qui ont frappé Jérusalem-Est vendredi 27 et samedi 28 janvier, Israël a mis sous scellés la maison familiale du Palestinien qui a tué sept personnes vendredi. Benyamin Netanyahou a par ailleurs annoncé révoquer certains droits des proches des auteurs d'attentats anti-israéliens, notamment la révocation des droits à la sécurité sociale des « familles de terroristes qui soutiennent le terrorisme ».

Le cabinet de sécurité, réuni dans la nuit, a aussi annoncé que la maison de Khayri Alqam, 21 ans, auteur de l'attaque ayant fait 7 morts vendredi et qui a été abattu par la police israélienne, « serait mise sous scellés immédiatement avant sa démolition ». Dimanche matin, un correspondant de l'Agence France-Presse (AFP) a vu les forces israéliennes sur le toit du bâtiment dont les entrées ont été scellées, alors que des Palestiniens récupéraient leurs affaires.

Pour Israël, les démolitions des maisons de Palestiniens accusés d'attaques anti-israéliennes meurtrières ont un effet dissuasif, mais les détracteurs de cette pratique la dénoncent comme relevant du châtiment collectif et affectant des familles qui se retrouvent à la rue.

« Spirale de la mort »

Dani Shenhar, chef du département juridique de l'organisation israélienne de défense des droits humains HaMoke, a déclaré que la mise sous scellés de la maison en pleine nuit démontrait la « volonté de vengeance du gouvernement contre les familles ». La mesure a été « prise au mépris total de l'État de droit », a-t-il déclaré, et HaMoked va protester auprès du procureur général.

Benyamin Netanyahou a déclaré dimanche que la révocation des cartes d'identité israéliennes des proches des assaillants était à l'ordre du jour de la réunion hebdomadaire du cabinet. Les mesures annoncées sont conformes aux propositions des partenaires politiques d'extrême droite du Premier ministre qui lui ont permis de revenir au pouvoir fin décembre.

Elles risquent de s'appliquer en premier lieu à des Palestiniens ayant la nationalité israélienne (Arabes israéliens, selon l'appellation israélienne) et des Palestiniens ayant le statut de résidents de Jérusalem-Est, partie de la Ville sainte occupée et annexée par Israël.

Une brusque escalade de la violence

L'attaque menée vendredi à proximité d'une synagogue dans le quartier de colonisation de Neve Yaacov à Jérusalem-Est a tué sept personnes. L'auteur a été abattu. Samedi, un autre Palestinien, âgé de 13 ans, a blessé par balle deux Israéliens à Silwan, à deux pas des remparts de la Vieille ville, avant d'être blessé. Aucune de ces deux attaques, menées par des Palestiniens de Jérusalem-Est, n'a été revendiquée.

Ces nouvelles violences surviennent sur fond de brusque escalade après la mort, jeudi, de 10 Palestiniens, dont des combattants et une sexagénaire, dans un raid de l'armée israélienne à Jénine, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. « La spirale de la mort qui grandit jour après jour éteint les rares lueurs de confiance qui existent entre les deux peuples », a déploré le pape François.

La flambée de violence a suscité la crainte de nouvelles représailles. Une maison et un véhicule palestiniens dans le village de Turmus Ayya en Cisjordanie occupée ont été incendiés cette nuit, une attaque que les habitants ont imputée aux colons israéliens. Contactées par l'AFP, les forces israéliennes n'ont pas commenté. L'agence de presse officielle palestinienne Wafa a rapporté que 120 voitures ont été la cible de pierres qui auraient été lancées par des colons israéliens et 22 magasins ont été attaqués dans la région de Naplouse (Cisjordanie) samedi soir.

Dimanche matin, des gardes de sécurité israéliens ont tué un Palestinien, Ali Ahmad Salmane, 18 ans, à proximité de la colonie israélienne de Kedumim en Cisjordanie, a indiqué le ministère de la Santé palestinien, l'armée israélienne affirmant qu'il était armé.

Armer les civils

Le cabinet de sécurité israélien a également décidé de faciliter l'obtention de permis de port d'armes. « Quand les civils ont des armes, ils peuvent se défendre », a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite.

Les appels à la retenue se sont multipliés en provenance de l'étranger et le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, est attendu à Jérusalem et Ramallah (Cisjordanie) lundi et mardi pour évoquer des mesures en vue d'une désescalade.

L'Autorité palestinienne a jugé qu'Israël était « entièrement responsable de la dangereuse escalade ».

Jeudi, neuf Palestiniens ont été tués dans un raid militaire israélien à Jénine, en Cisjordanie, présenté par Israël comme une action préventive contre une cellule du groupe armé palestinien Jihad islamique. La nuit suivante a été marquée par des tirs de roquettes depuis Gaza vers Israël et des frappes israéliennes sur ce micro-territoire sous blocus sans qu'aucune victime ne soit à déplorer.

Dimanche, un tribunal israélien a, en outre, condamné un Palestinien à une peine de prison à vie assortie de 20 autres années de détention après l'avoir reconnu coupable du viol et du meurtre d'une jeune femme israélienne, selon le jugement publié par cette cour.

Le député israélien d'opposition Mickey Levy a dit craindre que « ce qui est arrivé il y a 20 ans [soit en train de commencer] à se produire maintenant » dans une référence à la Seconde Intifada, le soulèvement palestinien de 2000 à 2005.