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Au Brésil, la crainte d’une “avalanche d’accusations de fraude” après la présidentielle

“Il y a un risque très important, et bien réel, que le pays s’embrase après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle”, prévient la Brésilienne Cristina Tardáguila, à la tête de Lupa, l’une des principales agences de lutte contre la désinformation au Brésil. Ce dimanche 2 octobre, les Brésiliens sont appelés aux urnes pour élire leur prochain président, ainsi que leurs députés, gouverneurs et un tiers des sénateurs.

Après quatre ans au pouvoir, le président Jair Bolsonaro, du parti d’extrême droite PSL (Parti social-libéral) est en deuxième position dans les sondages derrière Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula. Que se passerait-il si le candidat du PT (Parti des travailleurs), lui-même président du Brésil de 2002 à 2011, venait à remporter le scrutin ?

Il faut s’attendre, affirme Cristina Tardáguila, à “une avalanche d’accusations de fraude électorale”.

“Deux versions de l’histoire”

Depuis plusieurs mois, le président Bolsonaro s’emploie à faire planer le doute sur la fiabilité du système de vote électronique. Dans un extrait relayé dans notre vidéo, on peut par exemple l’entendre tenir ce discours :

De la même façon qu’on a mis à la retraite la machine à écrire, on a mis à la retraite les cabines téléphoniques : aujourd’hui, plus personne ne sait ce que c’est ! Les choses évoluent ! La seule chose qui ne change pas, c’est l’urne électronique.”

Dans ce contexte, le pays sera très certainement divisé à l’issue du scrutin, estime Cristina Tardáguila :

“Il y aura deux versions de l’histoire : ceux qui acceptent les résultats des urnes, et ceux qui les refusent, exactement comme aux États-Unis”.

L’assaut du Capitole, le 6 janvier 2020, après l’annonce de la défaite de Donald Trump, avait coûté la vie à cinq personnes. Or “au Brésil, il y a déjà eu vingt-six personnes tuées pour des raisons politiques” depuis le début de l’année 2022, précise la spécialiste, qui lance cet appel : “Je voudrais demander au monde de suivre la situation au Brésil dans les prochains mois.”

Une population vaccinée contre les fake news ?

Reste que pour lutter contre la désinformation, qui avait été massive, notamment sur WhatsApp, lors du précédent scrutin, le Tribunal supérieur électoral (TSE) a déployé les grands moyens. Une commission spéciale a été créée début 2022 à cet effet, regroupant des médias, des agences de fact-checking, mais aussi onze plateformes, parmi lesquelles WhatsApp, Telegram ou encore TikTok. La commission a établi un protocole pour repérer et signaler les fausses nouvelles, et celui-ci a été appliqué depuis le début de la campagne.

Les Brésiliens, se félicite Cristina Tardáguila, sont par ailleurs “bien mieux préparés” à reconnaître la désinformation. Le mandat de Jair Bolsonaro, qui était “hostile aux vaccins et niait la gravité du Covid-19”, alors même que le Brésil a payé un lourd tribut au plus fort de la pandémie, a été l’un des déclencheurs. “Les Brésiliens ont compris tout le danger de la désinformation, aussi bien dans le domaine de la santé qu’en politique.”