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Au Canada, le meurtre des femmes autochtones n'est toujours pas pris au sérieux

Temps de lecture: 2 min — Repéré sur The Guardian

Six fois plus: c'est le nombre de chances qu'ont les femmes autochtones du Canada d'être assassinées, par rapport aux femmes non-indigènes.

Des décennies de violence se sont accumulées et continuent de frapper les femmes autochtones, sans que les pouvoirs politiques canadiens ne parviennent à y mettre un terme. Au cours des trente dernières années, on estime que près de 4.000 femmes et filles autochtones du pays ont été tuées ou ont disparu.

Une violence enracinée dans le colonialisme

Alors que vient de comparaître ce vendredi 2 décembre 2022 devant le tribunal de la Cour du Banc du Roi du Manitoba, Jeremy Skibicki, accusé du meurtre de trois femmes des Premières nations de Long Plain et de Crane River, et d'une quatrième femme non identifiée, l'événement a suscité un regain de colère parmi les communautés autochtones, qui déplorent l'inefficacité des autorités à protéger les femmes autochtones, en dépit des promesses politiques faites en ce sens.

La veille, jeudi 1er décembre, la police de Winnipeg venait d'annoncer l'inculpation de Skibicki, âgé de 35 ans, pour les meurtres de Morgan Beatrice Harris, 39 ans, de Marcedes Myran, 26 ans, de la Première Nation de Long Plain, et d'une autre personne non-identifiée. Quelques mois plus tôt, il avait été accusé du meurtre de Rebecca Contois, 24 ans, de la Première Nation O-Chi-Chak-Ko-Sipi. Les corps des trois dernières victimes n'ont pas encore été retrouvés.

«Quand la protection des femmes, des filles et des personnes bispirituelles indigènes sera-t-elle prise au sérieux? Winnipeg a maintenant la particularité d'avoir deux tueurs en série distincts de femmes autochtones. Attendons-nous qu'un troisième ou un quatrième se dresse devant nous pour nous tuer?», s'est indignée Nahanni Fontaine, membre de l'assemblée législative de Manitoba.

En 2019, le Premier ministre Justin Trudeau avait reconnu l'ampleur des féminicides visant les communautés indigènes, à la suite de la publication du rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles indigènes assassinées et disparues, qui concluait que «les actions et inactions de l'État enracinées dans le colonialisme et les idéologies coloniales» comptaient parmi les rouages essentiels de ces violences. Il avait alors déclaré: «Nous vous avons laissé tomber. Nous ne vous laisserons plus tomber.» Trois ans plus tard, les communautés indigènes peinent pourtant à voir des changements.

Dans la foulée de l'inculpation de Jeremy Skibicki, le maire de Winnipeg, Scott Gillingham, a déclaré que «les condoléances ne sont pas assez fortes», assurant qu'il fallait développer des moyens pour assurer la sécurité des communautés autochtones.

Dans plusieurs régions du pays, la police canadienne a fait l'objet d'enquêtes concernant son traitement des populations indigènes, ces dernières faisant l'objet d'une surveillance excessive, et inversement proportionnelle aux moyens mis en œuvre pour investiguer les crimes commis à leur encontre.

En Ontario, un groupe d'enquêteurs indépendants a demandé une nouvelle enquête sur la mort soudaine de quatorze personnes autochtones survenue dans la ville de Thunder Bay, ayant constaté que les premières investigations avaient été bâclées, sur fond de racisme institutionnel.