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Au château La Coste, la sculptrice Prune Nourry en corps-à-corps avec le paysage

L’artiste fait sortir de terre, près d’Aix-en-Provence, une immense silhouette de femme enceinte qui doit fusionner avec la nature alentour et offrir un nouvel abri aux visiteurs.

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Echafaudages, brouettes, tas de chaux : entre les arbres, en descendant le chemin jusqu’à ce plateau, au milieu des vignes du château La Coste (Bouches-du-Rhône), on croirait arriver sur le chantier d’une fouille archéologique. Une dizaine de personnes s’affairent autour du corps monumental qui sort de terre, certains érodent au burin les genoux d’une géante, dont n’émergent du sol que les parties saillantes : le visage, un coude, les seins, le ventre, les jambes pliées. Depuis neuf mois, Prune Nourry travaille à sa première réalisation pérenne en extérieur, un temps de gestation au long cours pour ce corps d’une femme enceinte qui viendra agrandir la collection des lieux.

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Le ventre a une dimension de petit temple, où l’on entre comme on entrerait dans L’Origine du monde (1866), de Gustave Courbet. Il faut se baisser pour passer l’ouverture haute de 1 mètre 30, puis le sol très incliné mène en profondeur, dans une cavité aux contours modelés et organiques. Son dôme est éclairé par un nombril tout juste scellé, une pièce de 250 kilos en verre coulé, plein de bulles, qui forme la clé de voûte.

L’œuvre Mater Earth, en cours de réalisation, s’inscrit dans le paysage provençal alentour, entre dénivelés, nature et montagnes au loin, évoquant d’autres corps-paysages. « On a choisi l’emplacement spécialement pour ce rapport d’échelle et cette immersion, détaille la sculptrice française de 37 ans. Je voulais qu’il y ait un point de vue en hauteur, qu’on puisse avoir une vue d’ensemble de la sculpture avant de s’en rapprocher, à fleur de peau et de paysage. On peut penser aux surréalistes ou à Almodovar dans le film “Parle avec elle”, où on entre dans un ventre. Je l’ai appris récemment, mais Niki de Saint Phalle avait fait une immense “Nana” allongée, dans laquelle le public entrait aussi par l’entrejambe. C’était une sculpture éphémère, conçue pour une expo en Suède. »

Suivi par photographies

La collection du château La Coste, propriété viticole du collectionneur irlandais Patrick « Paddy » McKillen, a la particularité de mélanger art et architecture, entre sculptures grand format, pavillons signés Renzo Piano, Richard Rogers, Tadao Ando ou Oscar Niemeyer, et abris intimistes, comme la House of Air, de Lee Ufan, ou un nid d’Andy Goldsworthy. Ce corps nu, au ventre troglodyte, tranche avec une collection d’œuvres plutôt épurées, voire minimalistes, offrant un contrepoint féminin à un ensemble majoritairement le fait d’hommes.

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Après son armée de femmes enfouies en Chine (Terracotta Daughters), en écho au phénomène de sélection du sexe dans le pays, son monumental sein-cible, criblé de flèches, de L’Amazone érogène, évoquant son cancer du sein, ou son Bouddha de Bamiyan, détruit par les talibans, et dont elle a fait une réplique au corps fragmenté, l’artiste poursuit son travail sur les mystères, métamorphoses, forces et fragilités du corps. Mater Earth, qui s’étend sur une vingtaine de mètres au total, a cette fois nécessité des compétences techniques dépassant les contraintes d’une large sculpture, et l’aide d’architectes – avec obtention de permis et la réalisation de fondations –, en plus du recours habituel de l’artiste aux savoir-faire de nombreux artisans.

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