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Au Cinéma du réel, Jean-Pierre Gorin, l’alter ego discret de Godard

La 45ᵉ édition du festival organisé au Centre Pompidou consacre une rétrospective du cinéaste.

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Jean-Pierre Gorin craint le pire comme à chaque fois, depuis cinquante ans que l’affaire est censément classée. On va encore lui parler de Godard, de leur collaboration au sein du groupe Dziga Vertov à partir de 1968, du rêve de cinéma révolutionnaire recouvert par cette folle entreprise, du flirt avec le maoïsme, du rôle de mentor politique qu’on lui attribue, de la disparition de Godard comme auteur, de l’échec dans les grandes largeurs de cette utopie, que les plus mal intentionnés font peser sur ses seules épaules. A l’instar d’Anne Wiazemsky, épouse de Godard, qui lui reprochait déjà de former un couple avec son mari. Il n’a pas tout à fait tort. Comment ne pas en reparler alors qu’il est de passage à Paris depuis sa lointaine Amérique, à l’invitation de Cinéma du réel, qui organise jusqu’au 2 avril une rétrospective de ses films et lui confie une carte blanche. C’est aussi qu’à 79 ans Gorin fait partie du dernier cercle des co-acteurs de la geste godardienne.

Les prémices sont à peu près connues. Naissance le 17 avril 1943 à Paris à une mauvaise date. Parents résistants et passionnés de cinéma. Père médecin et militant trotskiste et mère d’origine juive russe. Etudes à la Sorbonne, rapprochement avec les cercles maoïstes dont il connaît depuis la Khâgne les principales figures. Entré au quotidien Le Monde pour collaborer aux pages littéraires – il se fera rapidement virer par Jacques Fauvet pour ses méthodes hétérodoxes –, il rencontre Godard en 1967 au cours d’un dîner chez sa collègue Yvonne Baby, qui écrit sur le cinéma. Georges Sadoul, grand historien du cinéma, est présent. Godard, proche du communisme depuis Masculin féminin (1966), vient de répudier ses camarades « révisionnistes » et cherche du côté du maoïsme une radicalité plus propre à le satisfaire. Le jeune homme de 25 ans et le cinéaste de 40 qui rêve de renverser la table s’apprécient. Ils ne se quitteront plus. Enfin si, mais plus tard.

Collaboration fusionnelle

Leur collaboration sera intense, pour ne pas dire fusionnelle. Le tandem forme une sorte de machine intellectuelle qui veut repenser la grammaire du cinéma. En ressortent notamment La Chinoise (1967), sévèrement éreinté par ces mêmes maoïstes que Godard ne peut s’empêcher d’enterrer en leur rendant hommage, puis, au sein du groupe Dziga Vertov – alors que le cinéaste a désormais renoncé à signer ses films –, Un film comme les autres (1968), Le Vent d’est (1969), Lutte en Italie (1969), Pravda (1970), British sounds (1970), Vladimir et Rosa (1971), Lettre à Jane (1972). Rude traversée, percluse par un certain dogmatisme, mais riche de fulgurances et destinée à l’édification de presque personne puisque ces films ne sortent pas en salle.

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