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« Au fond de la mine », sur France Culture : retour sur les « gueules noires » au charbon

Dans « LSD, la série documentaire », Johanna Bedeau donne à entendre l’histoire des mineurs, notamment celle de la main-d’œuvre marocaine, mais aussi des syndicats et des hommes politiques.

FRANCE CULTURE – À LA DEMANDE – PODCAST

Pour « LSD, la série documentaire », sur France Culture, Johanna Bedeau est allée voir du côté de la mine, et les histoires qu’elle rapporte sont plus que précieuses, car, à travers elles, ce sont non seulement les vies des mineurs qui se donnent à entendre, mais notre histoire, celle des travailleurs et celle des patrons, celle des syndicats et celle des hommes politiques, celle de la main-d’œuvre marocaine et de la façon dont elle fut recrutée, puis poussée à retourner au bled.

Au commencement, les mineurs étaient des paysans, alternant travaux aux champs et à la mine. C’est pour s’assurer une main-d’œuvre pérenne que seront construits les corons, ces habitations dont les houillères sont propriétaires. Comme le rappellent les historiens ici interrogés, la hantise était parfois moins de se faire renvoyer que, par ricochet, de se faire renvoyer de sa maison. Aux femmes était donné un guide de bonne conduite : nettoyer devant chez elles le mardi et faire le pain le jeudi… Levées les premières, elles préparaient le « briquet », ce casse-croûte fait de pain tartiné de saindoux, le plus souvent.

Un autre monde

A l’épisode suivant, ce sont les mineurs, ces « gueules noires », que l’on entend largement. Et qui d’abord disent : « Tout ce qui se passe au fond reste au fond », car « vous ne pouvez pas comprendre ». Et de dire les galeries, les sections et les veines (« il y a de quoi se perdre »), l’obscurité presque totale et la chaleur très éprouvante. Un métier difficile et dangereux auquel, malgré tout, les mineurs sont viscéralement attachés et que certains comparent à celui de marin. Parce que c’est un autre monde. Parce que, au fond, comme en mer, c’est un travail d’équipe où la solidarité est première. Dans cet épisode, il est question de Germinal – du roman (de Zola) et du film (de Claude Berri). De l’industrialisation, des grèves et des droits obtenus. Des accidents, des maladies et du bruit incessant.

Et puis il y a l’épisode 3 (« L’immigration, une mine pour le charbon »), absolument essentiel, qui rappelle que, des années 1950 au milieu des années 1970, ce sont près de 78 000 Marocains qui seront recrutés – largement par Félix Mora, un ancien officier de l’armée française – pour venir extraire les dernières tonnes de charbon en France. Qui seront recrutés avec des contrats de travail de douze à dix-huit mois, avant d’être renvoyés au pays pour quelques mois, et qui revenaient travailler en France – si leur visite médicale le permettait.

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Rappelons que, outre des cancers de la vessie ou de la peau, les mineurs contractent souvent la silicose, maladie pulmonaire provoquée par l’inhalation de particules de poussière de silice. Disons aussi qu’il faudra attendre 1980 pour que les Marocains parviennent à obtenir le statut des mineurs. A la fin des années 1980, ils seront sommés de choisir entre rentrer chez eux ou se reconvertir, sans garantie d’emploi. Cela leur sera stipulé par courrier. Cette injustice va sonner le début d’une longue lutte.

Le dernier épisode donne à voir comment, les mines fermées, le « pays noir » est devenu un paysage digne d’être conservé et protégé. Pour que l’on n’oublie pas les « gueules noires ». D’où qu’elles fussent. Pour cela aussi, il faut saluer le travail particulièrement riche mené par Johanna Bedeau.

Au fond de la mine, série documentaire de Johanna Bedeau, réalisé par Marie-Laure Ciboulet (Fr., 2023, 4 × 55 min). Sur le site de France Culture et sur toutes les plates-formes d’écoute habituelles.

Emilie Grangeray

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