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Au nord de l’Ukraine, l’évasive menace biélorusse

La Russie continue de resserrer ses liens avec la Biélorussie. Samedi 3 décembre, la visite du ministre russe de la défense Sergueï Choïgou à Minsk a été l’occasion de renforcer son alliance avec une Biélorussie toujours plus vassalisée par Moscou, et devenue de facto la base arrière de l’invasion russe en Ukraine.

« Nous nous préparons comme une seule et même armée », a déclaré le président biélorusse Alexandre Loukachenko à propos des entraînements conjoints auxquels participent des soldats des deux pays, étroitement liés depuis 1997 par un traité d’union. « Les Russes et les Biélorusses se préparent pour pouvoir repousser toute agression. »

La Biélorussie, d’où une partie de la force d’invasion russe a fondu sur l’Ukraine le 24 février, ne participe pas directement aux combats en Ukraine, mais offre depuis le début de l’invasion un soutien logistique important à la Russie. Outre le stationnement de troupes qui maintiennent la pression sur la frontière nord de l’Ukraine, Moscou utilise le territoire biélorusse pour tirer des missiles sur l’Ukraine, soigner ses troupes blessées au combat, et pioche dans les arsenaux du pays pour combler ses pertes en véhicules militaires. S’y entraînent également plusieurs milliers de soldats russes mobilisés cet automne, censés être déployés prochainement sur le champ de bataille.

Subordination totale

Ukrainiens et Occidentaux s’inquiètent cependant depuis deux mois d’un risque accru d’entrée directe de l’armée biélorusse dans le conflit. L’annonce, le 10 octobre, de la formation sur le territoire biélorusse d’un contingent militaire réunissant des soldats russes et biélorusses a rendu plus tangible la menace au nord de l’Ukraine. Et la signature, samedi 3 décembre, par Sergueï Choïgou et son homologue biélorusse Victor Khrénine d’amendements, de l’accord militaire entre la Biélorussie et la Fédération de Russie définissant les contours de cette force militaire conjointe serait un nouveau motif d’appréhension, jugent certains experts.

« Vu la nature de cette visite, il ne serait pas surprenant que l’armée de Biélorussie soit désormais totalement subordonnée » à l’armée russe, commente l’analyste Konrad Muzyka sur Twitter. Il se passe trop de choses en Biélorussie pour les expliquer par la seule volonté de fixer les forces ukrainiennes à la frontière. Nous ne pouvons pas exclure une attaque sur l’Ukraine depuis la Biélorussie, ou une implication militaire significative dans la guerre. »

Les autorités biélorusses démentent l’idée selon laquelle leurs troupes pourraient entrer en Ukraine. « Un non-sens complet », a affirmé Alexandre Loukachenko le 23 novembre au cours du sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance d’ex-républiques soviétiques autour de la Russie. « Ce n’est pas le rôle de la Biélorussie dans ce conflit. »

« Sous les décombres »

Les analystes sont divisés sur la possibilité que la Biélorussie se joigne aux combats, notant que son armée n’y est pas prête, et que le risque politique serait trop grand pour Alexandre Loukachenko, dont le régime a été ébranlé par le plus grand mouvement de protestation que le pays ait jamais connu à la suite d’élections truquées en août 2020. Reste à savoir cependant si le président biélorusse, en poste depuis 1994, conserve assez de marge de manœuvre pour ne pas se laisser entraîner plus avant dans la guerre.

C’est en effet le soutien sans faille de Moscou qui lui a permis de se maintenir à la tête de son pays depuis 2020, au prix d’une perte considérable d’indépendance. Alexandre Loukachenko sait désormais son destin lié à la Russie, et à son « opération militaire spéciale ». « Si la Russie devait s’écrouler, à Dieu ne plaise, notre place serait sous les décombres », déclarait-il à ses homologues lors du sommet de l’OTSC à Erevan. On ne parle jamais que de soi.