Après le rachat par Lactalis d’un fromager haut-savoyard grand fabricant de reblochon, les petites coopératives laitières s’organisent en vue d’éviter de faire du géant laitier un leader local.
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La terre a tremblé au pays du reblochon, cet été. Le géant de l’agroalimentaire Lactalis s’est emparé, avec sa filiale locale Pochat & Fils, de l’activité fromagère du haut-savoyard Verdannet, une entreprise familiale depuis quatre générations. L’annonce a d’abord surpris les producteurs de lait locaux réunis au sein de coopératives – certains parlant de « trahison » – avant d’obliger chacun à la concertation.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnésActeur important dans les appellations d’origine protégée (AOP) et les indications géographiques protégées (IGP) locales, collaborateur de plusieurs coopératives, Verdannet fabrique avec le lait de ces dernières différents fromages au lait cru, dont du reblochon représentant la moitié de sa production. Cet achat renforce donc la position de Lactalis sur le marché et lui permettrait de « contrôler près de 50 % de la production en reblochon AOP », selon la Confédération paysanne. Plutôt « un gros tiers », a répliqué Pochat & Fils, dans un courrier adressé, fin juillet, aux producteurs.
« Draguée »
Mais qu’en sera-t-il en 2023 ? Vu la contestation locale, « les 30 millions de litres de lait qui arrivent aujourd’hui chez Verdannet ne seront peut-être plus à Lactalis à la fin de l’année », date à laquelle les contrats annuels sont signés entre fromageries et producteurs de lait, explique un expert de la filière.
« Toutes les coopératives qui étaient en contrat avec Verdannet se sont réunies, explique Jean-François Laval, directeur de la Fédération des coopératives laitières. Il y a eu des échanges avec les coopératives voisines pour étudier des solutions alternatives » et éviter la collaboration avec Lactalis. « Si l’on se rate, au prochain fromager racheté, Lactalis deviendra leader et ce sera la fin du système savoyard », affirme un agriculteur membre de la Confédération paysanne, alors que le lait est aujourd’hui bien rémunéré dans les deux Savoie.
Les représentants de la coopérative souhaitent racheter le matériel de fabrication (plusieurs centaines de milliers d’euros) et gérer eux-mêmes le magasin
Avec 22 producteurs et 9,5 millions de litres de lait, la coopérative de Groisy-sur-L’Etang travaillait en gestion indirecte avec Verdannet, propriétaire du matériel de fabrication de sa fromagerie. « Elle est draguée par d’autres coopératives, sourit un observateur. Elle n’aura pas de mal à quitter Verdannet d’ici à la fin de l’année pour ne pas tomber dans l’escarcelle de Lactalis. » Les représentants de la coopérative souhaitent racheter le matériel de fabrication (plusieurs centaines de milliers d’euros) et gérer eux-mêmes le magasin. Lactalis devrait donner sa réponse la semaine prochaine.
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