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Au Royaume-Uni, pas de régime spécial pour les salariées ménopausées

En juillet 2022, au Royaume-Uni, la commission parlementaire multipartite pour l’égalité et les droits des femmes a proposé un projet de loi visant à protéger, sur leur lieu de travail, les femmes aux prises avec la ménopause. Parmi ses dispositions : faire de la ménopause une «caractéristique protégée» dans le cadre de la loi sur l’égalité (l’Equality Act de 2010) voire créer un éventuel congé. La ménopause, phénomène qui concerne généralement les femmes âgées de 45 à 55 ans et correspond à la fin de la fabrication d’œstrogène par les ovaires, provoque l’arrêt des règles mensuelles et peut s’accompagner de troubles, variables selon les femmes, comme les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale ou les sautes d’humeur.

Mardi, le gouvernement britannique a tranché : ce sera non, rapporte le Guardian. Et ce, au nom de l’égalité hommes-femmes justement garantie par l’Equality Act. Le gouvernement britannique craint que de telles dispositions ne soient discriminatoires à l’endroit des hommes qui peuvent, eux aussi, souffrir de pathologies médicales à long terme. Quant à l’idée de mettre en place un congé «ménopause», le gouvernement a jugé qu’il n’était pas «nécessaire» et pourrait s’avérer «contre-productif».

Fin de non-recevoir

En réaction, la présidente de la commission à l’origine du projet de loi, la députée conservatrice Caroline Nokes, a adressé une lettre, consultée par le Guardian, à la ministre de la Santé Maria Caulfield. Elle y fait part de sa déception et condamne le fait que le gouvernement britannique ne s’engage pas à faire des efforts vis-à-vis de cette étape que traversent quasiment toutes les femmes, malgré «une base de preuves significatives» quant aux troubles provoqués par la ménopause. «Ces dispositions auraient pu protéger un grand nombre de femmes talentueuses et expérimentées qui se voient parfois forcées de quitter le marché du travail à cause des effets causés par la ménopause», écrit-elle encore. «Le refus du gouvernement de réfléchir à une réforme de la loi sur l’égalité n’a aucun sens et nous lui demandons d’y réfléchir à nouveau», a-t-elle, peu après, déclaré dans un communiqué.

Le gouvernement britannique lui a adressé une fin de non-recevoir. «Nous reconnaissons que la ménopause peut être une période difficile pour les femmes. C’est pourquoi nous avons placé la santé des femmes en tête de nos priorités dans le cadre de la toute première stratégie de santé des femmes en Angleterre», a réagi un porte-parole auprès du Guardian tout en appelant les employeurs à faire preuve de «compassion et de souplesse à l’égard des femmes ménopausées» avec, par exemple, des conditions de travail plus souples.

Sujet tabou

Ce texte est intervenu alors que selon les résultats d’un sondage, les soins de santé pour les femmes au Royaume-Uni sont aussi mauvais que ceux du Kazakhstan et pires que ceux fournis en Chine, rappelle encore le journal. Les femmes britanniques sont aussi de plus en plus nombreuses à poursuivre leur employeur pour discrimination et harcèlement en raison de leur ménopause. En 2021, une salariée d’une société de Birmingham, qui avait douze bouffées de chaleur par jour et se réveillait, en sueur, près de dix fois par nuit, avait été déclarée handicapée en raison de ses troubles.

En France, la ménopause est encore un sujet relativement tabou. En octobre 2022, une étude réalisée par Ipsos auprès de 23 008 adultes de 33 pays, dont les Etats-Unis, la France, la Hongrie ou encore la Thaïlande, montrait que près d’un quart des femmes interrogées n’était pas à l’aise avec l’idée d’évoquer leur ménopause. L’étude mettait également en avant une différence de perception de la «valeur» des femmes et des hommes âgés de plus de 50 ans en milieu professionnel.