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Au Royaume-Uni, une agriculture post-Brexit en pleine crise

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Les vaches de la ferme de Liz Webster, exploitante d'un élevage bovin près de Swindon (Royaume-Uni) le 28 mai 2023
RAPHAEL NEAL POUR « LE MONDE »
Par Cécile Ducourtieux

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ReportageExploitants agricoles qui mettent la clé sous la porte, éleveurs qui vendent leurs troupeaux, pénuries de produits dans les magasins… L’abandon des bénéfices de la PAC et la flambée des coûts de l’énergie mettent à mal le modèle agricole outre-Manche.

« Non, George, tu ne peux pas sortir, ce n’est pas encore le moment », dit Liz Webster à un énorme taureau brun, en lui grattant le haut du crâne. De l’étroit enclos attenant aux étables, où s’est introduite l’agricultrice et où tournent en rond des dizaines d’autres bêtes, on aperçoit l’herbe déjà haute dans les prés. Mais, en cette mi-mai, le sol est trop détrempé, après un printemps très arrosé, pour laisser sortir les 350 têtes de ce gros élevage bovin du Wiltshire (sud de l’Angleterre), à quelques kilomètres de la ville de Swindon.

L’exploitation – des pâturages et des cultures de céréales (surtout du maïs pour nourrir les bêtes) – s’étend sur 700 hectares, des deux côtés de l’autoroute reliant Londres à Bristol. Liz Webster et son mari élèvent surtout des south devon, des vaches placides à la robe châtaigne, mais aussi des croisées de south devon et de salers (à la tête plus ronde) et des herefords blanc et noir.

« La terre n’est pas d’excellente qualité pour les céréales, mais elle est bonne pour les pâturages. Vu nos surfaces, nous pourrions avoir bien plus de bêtes si nous le voulions, mais nous n’avons plus l’énergie », confie l’agricultrice de 59 ans, qui raconte l’âge qui avance et, avec lui, l’angoisse de l’avenir. Les enfants n’ont pas l’intention de reprendre la ferme, les programmes de construction de maisons neuves n’en finissent plus de grignoter le paysage alentour, le changement climatique est déjà sensible. « La météo est devenue imprévisible », assure Liz Webster.

« Qui va nourrir les Britanniques ? »

Mais ce qui inquiète surtout cette ancienne candidate des libéraux démocrates (LibDem) aux élections générales de 2019, c’est l’état du secteur agricole post-Brexit, en plein chambardement. Le gouvernement britannique a choisi d’abandonner le modèle de la politique agricole commune (PAC) de subventions directes aux agriculteurs proportionnelles aux surfaces qu’ils exploitent. Ces paiements représentaient, en moyenne, 55 % des revenus des exploitations anglaises en 2019, selon le ministère de l’agriculture. Ils diminuent d’environ 15 % par an depuis 2021 et auront disparu en 2028.

Liz Webster (en compagnie de son taureau Harold), exploitante d’un élevage bovin dans sa ferme près de Swindon (Royaume-Uni), le 29 mai 2023.
Liz Webster (en compagnie de son taureau Harold), exploitante d’un élevage bovin dans sa ferme près de Swindon (Royaume-Uni), le 29 mai 2023.

A la place, le ministère introduit progressivement Environmental Land Management (ELM), un système de subventions ne rémunérant les agriculteurs qu’à condition qu’ils produisent des « biens publics » à vocation environnementale : qu’ils plantent des haies, des arbres, restaurent des tourbières, contribuent à la purification de l’air ou des eaux. L’objectif de la PAC d’assurer la sécurité alimentaire est abandonné.

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