France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

"Aujourd’hui, mon ennemi, c’est l’islamisme politique" : le préfet Hugues Moutouh s'érige en garant de la laïcité

Le préfet dresse un bilan de son activité en matière de défense du principe de laïcité et de lutte contre les séparatismes. Selon lui, l’Hérault reste un département très concerné par ces sujets.

La laïcité, son principe sont-ils l’objet de remises en cause dans l’Hérault ?

La laïcité est un principe très important pour moi. Et cette journée de la laïcité est d’autant plus importante dans l’Hérault. On fait partie des départements qui sont très concernés par l’application ou la non-application du principe de laïcité. Léon Gambetta, qui a initié la loi de 1905 a dit en 1877 "Le cléricalisme, voilà l’ennemi !"  Aujourd’hui il dirait, "l’islamisme politique voilà l’ennemi" et d’autant plus dans un département comme l’Hérault. Donc notre attention est portée là-dessus.

Comment s’organise votre action ?

On a une forte communauté de confession musulmane. La grande majorité des musulmans sont respectueux des lois de la République et de ses principes. Malheureusement une minorité active et prosélyte se refuse à reconnaître la prééminence des lois de la république et le principe de laïcité. Mon rôle en tant que préfet ce n’est pas simplement de faire des colloques sur la laïcité, c’est de la protéger. Je me définis comme un préfet engagé, acteur, partial pour défendre, protéger et faire prospérer des valeurs comme la laïcité. Je suis un combattant au service de la laïcité contre l’islam politique. On en a des manifestations trop nombreuses, il entend régir, du lever au coucher la vie de nos compatriotes musulmans. Parfois cela est fait sans avoir conscience qu’on s’oppose à la société française, c’est un repli communautaire, qui fait qu’on est sur le chemin du séparatisme. Le rôle du préfet, pendant longtemps depuis les attentats de 2015 a été centré sur la lutte contre le terrorisme, la radicalisation de certains susceptibles de basculer. On s’est aperçu que ça ne suffisait pas et travailler sur le haut du spectre ce n’est pas suffisant. Il faut aussi s’intéresser aux signaux faibles et combattre, poser des entraves pour éviter qu’une partie plus importante de la communauté ne bascule vers la radicalisation. La mission du préfet est d’éviter que les croyants respectueux basculent vers l’islam radical. Il y a un glissement de notre action demandé par les autorités de l’État.

Quels sont les courants islamistes les plus actifs ?

Ici ce sont les salafistes et les frères musulmans. Tous ceux qui dans leur hiérarchie mettent le respect de la loi religieuse avant celui de la République. On n’est pas là pour faire une exégèse religieuse mais pour voir quand une conviction empiète sur la sphère politique et prône des comportements, des modes de vie contraires aux lois. Le salafisme, c’est quand même la prééminence du religieux sur le politique.

Cet activisme est entretenu par des stratégies globales ou est-il le fruit d’individus isolés ?

Il y a des gens qui organisent, clairement, à travers le réseau associatif, culturel, une activité prosélyte. Ils font cette offre de service, de procurer un système alternatif, de soins, d’éducation, d’aide sociale, de solidarité. Finalement, c’est la constitution d’une société dans son entier pour que ses membres n’aient pas besoin d’avoir des interactions avec une société mécréante. Il y a plusieurs organisations dont l’objectif est de créer un réseau associatif structuré où on accompagne les gens du berceau jusqu’à la tombe.

Ce phénomène passe beaucoup par les réseaux sociaux ?

Oui mais pas que. Il y a une islamosphère mais il y a aussi des myriades d’associations. Quand on fait des contrôles, il est toujours compliqué de savoir quelle est l’association, c’est habile de leur part et le statut de l’association est très protecteur. Il y a parfois un maquis associatif. Je ne sous-estime pas l’islamo-business mais aujourd’hui très clairement le mode de prosélytisme, d’endoctrinement dans l’Hérault se fait moins par les salles de prières et davantage dans les réseaux associatifs et culturels. Et mon attention particulière c’est en direction des associations d’enseignement extrascolaire, périscolaire, les clubs de sport. L’islamisme politique vise la jeunesse, dès 5-6 ans. Il n’y a pas de desseins dans les familles mais on leur propose des services. C’est pour cela qu’il faut que l’Éducation nationale, la Ville soient très présentes dans ces quartiers.

Comment distinguer les bonnes des mauvaises associations ?

C’est très difficile pour l’État de savoir à qui il a affaire. On a des renseignements et la loi nous donne des prérogatives qui ne sont pas toujours celles de la loi contre les séparatismes. Il est irresponsable d’accueillir 90 enfants dans une salle sachant qu’il n’y a pas d’issue de secours, on n’a pas le droit de le faire.

On vous fait le reproche de faire parfois un amalgame qui stigmatise et renforce le repli communautaire ?

Je ne l’accepte pas, il n’y a pas de stigmatisation. Lutter contre le terrorisme basque ce n’est pas lutter contre les Basques. Beaucoup d’associations n’ont pas de problèmes. Mais certaines flirtent volontairement avec l’islamisme politique. Si on fait du soutien scolaire, il n’y a pas de sujet mais le problème tourne toujours autour de l’arabe coranique. À partir de 6 ans, si on lit des textes sans appareillage critique, aucun contrôle, la culture qui se développe n’est pas forcément celle que promeut la république française. On marche sur des œufs, mais on se pose beaucoup de questions, c’est toujours compliqué. Parmi les écoles fermées, une accueillait des filles de moins de 11 ans qui étaient voilées ? Est-ce de la radicalisation ? N’est-ce pas un indice de commencement de séparatisme ? On est confronté à ça.

Observez-vous des signaux revendicatifs comme la demande de créneaux non mixtes dans les piscines ?

Ici à Montpellier on a un maire attentif et ferme face à ces questions. Dans l’Hérault, les élus sont sensibilisés, beaucoup s’inquiètent de la montée du communautarisme. Je suis très régulièrement saisi par des maires, pas que de grosses villes, très préoccupées par sa montée. Il faut être très attentif. La température est préoccupante, sans plus, mais Lunel, La Paillade ce sont des chaudrons. Beaucoup de boulot y est fait.