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Aux ex-fonderies du Poitou, la vie d’après

Visite de la permanence de l’Association des fondeurs du Poitou, association de défense des anciens ouvriers des fonderies du Poitou, dans les locaux de la CGT, sur le parking des Fonderies du Poitou, à Ingrandes (Vienne). Le 28 septembre 2022. Photographies de Claude Pauquet/VU’ pour le Monde.
Claude Pauquet pour « Le Monde »
Par Aline Leclerc

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RécitRegroupés en association, les anciens « fondeurs » d’Ingrandes, près de Châtellerault (Vienne), racontent leur parcours du combattant de salariés licenciés.

En désignant la dalle de béton fraîchement coulée au centre du rond-point qui mène aux fonderies du Poitou, Xavier Verger n’a pu réfréner une petite moue, plus ironique que désespérée. Les hommages postmortem ont quelque chose de doux-amer. Sur la dalle, donc, s’élèvera bientôt la silhouette en tôle découpée d’une femme brandissant une culasse. Cette pièce automobile en aluminium que ses collègues et lui ont fabriquée jusqu’en juillet.

La sculpture devait célébrer la reprise des deux fonderies d’Ingrandes (Vienne) par le groupe anglo-indien Liberty House, en 2019. Le temps que le projet artistique se concrétise, les deux usines ont fermé et près de 600 salariés ont été licenciés, ceux de la fonte à l’été 2021, ceux de l’aluminium à l’été 2022.

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Ce matin de la mi-septembre, il y a pourtant encore des voitures garées devant l’ancien local syndical couvert d’appels à la mobilisation délavés par le temps. Stigmates des luttes passées. Les ex-salariés ont entamé la phase d’après.

A l’intérieur, Géry Bégeault et Jean-Philippe Juin, ex-délégués CGT, s’affairent, le premier face à une liasse de feuilles A4, l’autre devant un ordinateur, relié à son smartphone. « Partage de connexion ! On devait nous laisser Internet et l’électricité. Mais on n’a déjà plus Internet ! », soupire Jean-Philippe Juin. « T’as reçu tes identifiants Pôle emploi ? », lance-t-il au collègue qui vient de les rejoindre dans la pièce. « J’ai essayé de créer mon compte, mais ça ne marche pas… » « Mais t’as ton mot de passe ? » Un peu perdu, l’homme préfère en rire : « On découvre les joies de l’administration française ! »

Conserver le lien fraternel

Depuis la fermeture, les anciens fondeurs ont créé une association. Elle tient là une permanence trois matins par semaine. Pour conserver ce lien fraternel qu’ils ont construit à l’usine. Mais pas seulement.

Les salariés licenciés ont bien droit à l’aide d’un conseiller au reclassement pendant un an dans le cadre d’un contrat de sécurisation professionnelle (CSP). « Mais, eux, ils t’accompagnent sur le volet recherche d’emploi, reconversion. Il y avait le besoin d’une aide très concrète pour les démarches administratives. Par exemple, tout le monde n’est pas à l’aise avec l’informatique, explique Jean-Philippe Juin. Or, désormais, si tu n’as pas ton espace sur le site de Pôle emploi, tu ne touches pas tes droits ! »

Lui-même se rend compte de la complexité des choses. « J’ai été formé à affronter un redressement judiciaire ou à négocier un plan de sauvegarde de l’emploi. Mais gérer la suite de la liquidation, tu découvres ça par toi-même ! », dit-il, en souriant.

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