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« Avec ChatGPT et l’irruption de l’intelligence artificielle, la question de la raréfaction du travail et de l’avenir des retraites est relancée »

auteur

Jean-Michel Bezat

Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », explore, dans sa chronique, le débat entre ceux qui considèrent que l’IA va dévaloriser le capital humain et les technophiles les plus acharnés qui pensent que cette « intelligence » à portée de tous rendra plus créatif.

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L’a-t-on assez répété ! La dureté et le sens même du travail sont les grands absents du débat sur les retraites, l’angle mort de la réforme du gouvernement repoussant l’âge légal de départ de 62 ans à 64 ans. Rejeté par les syndicats, encore unis dans la rue mardi 31 janvier, ce report brutal de deux ans traduit bien la volonté du président de la République, Emmanuel Macron, de voir les Français « travailler davantage », le mot d’ordre du second quinquennat ; mais il contredit la triste expérience d’hommes et de femmes vivant une fin de carrière entre chômage et aides sociales, loin de l’emploi.

Société salariale et Etat-providence sont indissolublement liés depuis près d’un siècle. Le financement des retraites repose sur une économie où le travail est central et abondant. Echafauder des scénarios de rupture n’entre pas dans les missions du Conseil d’orientation des retraites : ses dernières projections, publiées en septembre 2022, s’appuient sur des hypothèses de taux de chômage que la France a connus ces cinquante dernières années, excluant tout décrochage structurel de l’emploi à l’horizon 2050-2070. Et si ce socle venait à être miné par une raréfaction du travail sous l’effet des dernières avancées technologiques ?

La question est relancée par l’irruption récente et fracassante de l’intelligence artificielle (IA) dans la vie quotidienne. Dans Un monde sans travail (Flammarion, 432 pages, 24 euros), l’économiste Daniel Susskind, professeur à Oxford, explore les retombées potentielles sur l’emploi de ces vertigineux outils, désormais dotés de facultés cognitives, de talents créatifs et parfois même de réactions émotionnelles, sans être pour autant des copies du système neuronal du cerveau humain.

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Le spectre des machines tueuses d’emplois réapparaît régulièrement depuis le mouvement des luddites anglais, au début du XIXe siècle, briseurs de métiers à tisser par peur de perdre leur gagne-pain d’artisans. En 1930, au début de la Grande Dépression, l’économiste John Maynard Keynes analysait déjà le « chômage technologique ». Il le considérait alors comme un mal nécessaire entre deux bouleversements du système productif, tout en prédisant que les gains de productivité permis par les avancées techniques conduiraient un siècle plus tard à un « âge des loisirs et de l’abondance », où l’on ne travaillerait plus que quinze heures par semaine.

« Chômage technologique »

La vieille rengaine malthusienne que voilà !, s’époumonent encore aujourd’hui les opposants à cette vision utopique, confortés par trois cents ans d’histoire économique. Depuis le XVIIIe siècle, chaque progrès (machine à vapeur, électricité, informatique…) s’est traduit par la création de nouveaux secteurs pourvoyeurs d’emplois. Ils ont entraîné une division par deux de la durée du travail dans les pays industrialisés. Le nombre d’actifs n’a pourtant pas cessé de grossir, y compris dans les pays les plus productifs. « Rien ne garantit que cela se reproduira dans les décennies qui nous attendent », avance Susskind.

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