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Avec ChatGPT intégré à Bing, Microsoft s'attaque au monopole de Google

Google a-t-il enfin un vrai concurrent dans la recherche en ligne ? Ce mardi, Microsoft tenait une réunion « surprise » dans les locaux de son siège américain à Seattle. Le géant de la tech a ainsi coupé l'herbe sous les pieds de Google, qui prévoit depuis des semaines une grande conférence pour mercredi. Et pour cause : Microsoft a lancé l'offensive en annonçant l'intégration à son moteur de recherche Bing d'un outil similaire à ChatGPT, le surpuissant chatbot d'OpenAI, dès aujourd'hui.

Avec ses 3% de parts de marché, Bing est le tout petit dauphin de l'ogre Google, qui concentre près de 93% du marché. Il n'a donc qu'à peine effleuré le monopole de Google sur le marché des moteurs de recherche. Mais l'arrivée des capacités conversationnelles de la technologie d'OpenAI sous le nom « Bing Chat » pourrait lui permettre d'enfin s'imposer. Du moins, c'est ce que semble penser Google, qui a déclenché une alerte « code rouge » en interne courant décembre, signe qu'il estime son cœur d'activité (dont il tire 56% de son chiffre d'affaires) menacé.

Un « copilote pour le web  »

« La course commence aujourd'hui, et nous allons avancer rapidement », a asséné Satya Nadella, le CEO de Microsoft, en introduction de sa conférence. Il faut dire que Bing frappe fort, avec de premières démonstrations convaincantes, et un lancement dès aujourd'hui. Certes, dans un premier temps, la fonctionnalité ne sera accessible que sur liste d'attente, chaque utilisateur aura un nombre limité de requêtes, et il ne sera pas possible d'approfondir la discussion avec l'assistant virtuel. Mais l'entreprise prévoit déjà de déployer Bing Chat pour « des millions d'utilisateurs dans les semaines à venir », cette fois sans plafond de requêtes.

Concrètement, Bing va intégrer une fenêtre de discussion, sur la droite de l'écran, en plus de la barre de recherche habituelle qui se situe à gauche. Microsoft parle d'un « copilote pour le web nourri à l'IA », signe qu'il compte bien distinguer clairement les deux fonctionnalités. L'utilisateur pourra poser des questions comme « quelle activité partager avec mon enfant à Nantes », lancer des consignes comme « donne moi une recette de lasagne » ou encore faire des demandes très précises comme « crée un itinéraire en voiture à 5 étapes sur une semaine entre Paris et Madrid ». Le fonctionnement du nouvel outil semble en tout point similaire à celui de ChatGPT, mais Microsoft précise que la technologie sous-jacente serait « encore plus puissante », avec notamment la capacité d'aller chercher des informations à jour, là où le savoir de ChatGPT s'arrête à 2021.

Plus précisément, BingChat est construit sur un modèle de langage « de nouvelle génération », présenté sous le nom de code « modèle Prometheus ». Certains observateurs spéculent qu'il s'agirait de GPT-4, la nouvelle itération très attendue du gigantesque modèle d'OpenAI sur lequel ChatGPT est bâti. Mais ce pourrait être aussi une nouvelle branche de GPT, entraînée spécifiquement pour répondre aux cas d'usage de la recherche en ligne.

Microsoft compte grignoter de juteuses parts de marchés à Google

Lors de la conférence de presse rapportée en détail par The Verge, les dirigeants de Microsoft ont précisé que le nouveau service serait gratuit, de quoi se poser sur l'impact économique de l'annonce sur Bing. En effet, cinq jours après le lancement de ChatGPT, le dirigeant d'OpenAI Sam Altman expliquait que chaque discussion coûtait quelques centimes de dollars à l'entreprise. A ce prix, la facture peut rapidement s'alourdir, puisque les utilisateurs de Bing font plus d'un milliard de recherches par mois, ce qui équivaudrait à une dizaine de millions de dollars de dépenses supplémentaires tous les 30 jours. Bien qu'il garantit que son moteur de recherche va rester rentable, Microsoft va augmenter le coût de la recherche en ligne par rapport aux moteurs traditionnels, ce qui pourrait diminuer ses marges de bénéfice.

Mais la prise de risque pourrait rapidement être récompensée. Dans un appel avec les investisseurs, la directrice financière de Microsoft, Amy Hood, a expliqué que chaque point gagné sur le marché des moteurs de recherche équivalait à deux milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel additionnel pour l'entreprise. Une augmentation significative, puisque sur le dernier trimestre de l'année 2022, Microsoft a tiré 3,2 milliards de dollars de chiffre d'affaires de sa division « search and news advertising  » -qui regroupe Bing et quelques autres services comme MSN- soit à peine 6% de ses revenus.

Pour l'heure, la nouvelle fonctionnalité de Bing ne sera accessible que depuis le navigateur Microsoft Edge, mais l'entreprise affirme son intention de l'implémenter sur tous les navigateurs -qui devront tout de même effectuer des ajustements pour la faire fonctionner. Une situation cocasse, puisque le numéro 1 des navigateurs n'est autre que Google, qui s'accapare 65% du marché avec Chrome, loin devant les 4,4 % de Edge.

Google a plus à perdre que Microsoft

La balle se trouve désormais dans le camp de Google, qui pourrait présenter sa contre-offensive dès ce mercredi. En début de semaine, le CEO Sundar Pichai a introduit Bard, un outil concurrent de ChatGPT, qui pourrait en théorie être intégré à son moteur de recherche. Mais l'entreprise reste encore prudente sur son déploiement, et elle n'a pas clairement affiché sa volonté d'imiter Microsoft.

Après tout, Google a beaucoup plus à perdre que Bing, et des questions se posent à lui : peut-il se permettre de rogner ses marges sur un marché qui pèse pour plus de 56% de son chiffre d'affaires ? Peut-il suffisamment encadrer les risques liés aux chatbots ? De nombreux utilisateurs de ChatGPT ont exposé les approximations, parfois dangereuses, dont il fait parfois preuve. BingChat va donner des liens vers des sites pertinents en accompagnement de sa réponse et indique aux utilisateurs de toujours vérifier les informations qu'il donne. Mais est-ce suffisant ?

Pour finir, un avènement des chatbots sur les moteurs de recherche pourrait engendrer une crise du modèle entier. Si les internautes se contentent des réponses fournies par le chatbot, ce pourrait être une perte de trafic (et donc de revenu) conséquente pour les sites web qui servent de source à l'outil. Or s'ils produisent un contenu moins important et de plus mauvaise q