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Avec « Momo », Ohad Naharin travaille au corps la notion de séparation

Le chorégraphe israélien présente à La Villette, à Paris, son intrigante pièce créée avec le performeur Ariel Cohen et les danseurs de la Batsheva Dance Company.

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Chut ! Silence… Lumières allumées, un commando de quatre hommes, torse et pieds nus en pantalon gris, pénètre sur le plateau vide de la Grande Halle de La Villette, à Paris, le 25 mai. Le brouhaha très festif, très estival, généré par mille cent spectateurs, cesse immédiatement. C’est dire la force d’impact de cette drôle d’escouade, qui dessine à pas lents et suspendus le pourtour de la scène. Leur magnétisme sans ostentation va emporter le public sous une chape d’envoûtement qui porte un nom : Momo.

Momo ? Qui est-ce ? Le titre du nouveau spectacle intrigant du chorégraphe star israélien Ohad Naharin, créé avec les danseurs de la Batsheva Dance Company et le performeur Ariel Cohen, programmé par Chaillot nomade à La Villette jusqu’au 3 juin, est une énigme. Correspond-il à un diminutif ou s’agit-il d’un indice soulignant la bizarrerie de cette pièce qui nage entre deux rives, fait miroiter deux visages ?

A main droite, le quatuor de mecs vaque au carré et à l’identique ; à main gauche, sept personnalités en costume rutilant explosent les unes à la suite des autres dans une myriade de solos. Les configurations à l’unisson des premiers, si insolites soient-elles parfois, composent un bloc solide qui génère une adhésion stable. Les fulgurances des seconds hérissent l’air par leur nervosité à fleur de peau, leur virtuosité disloquée, typique d’Ohad Naharin. Calme contre intranquillité, univocité ou ambiguïté, masse ou individu ?

Ordre et désordre

Entre ces deux camps apparemment étanches, le regard balance et la cohabitation tangue. Sur fond d’un mur d’escalade gris, la greffe entre ce qui pourrait être des spectacles parallèles prend curieusement. Sur la musique Landfall, composée par Laurie Anderson pour Kronos Quartet autour de son expérience de l’ouragan Sandy (2012), Momo déplie un tissu cicatriciel irrégulier comme un tricot exécuté tantôt avec de la laine épaisse, tantôt avec du fil fin. Ces reliefs créent un inconfort permanent. Et si la pièce fait paradoxalement front commun, grâce notamment à la bande-son, elle travaille au corps la séparation, oblige à naviguer entre des images aux antipodes qui se questionnent mutuellement.

Le pôle masculin se révèle d’autant plus compact que les identités des sept autres interprètes sont plus tremblées, insaisissables, fluides, libres. Comme échappées d’une fête, les femmes arborent des robes ultra-courtes et des shorts brillants, dans l’air du temps. Un interprète en maillot seconde peau s’élance dans des sauts éperdus ; une autre en tutu multiplie les exploits acrobatiques. Le corps d’armée flirte avec le corps de ballet, tandis que les danseurs s’accrochent à la barre pour faire le cochon pendu et envoyer péter la marche à suivre. L’ordre et le désordre se marchent sur les chaussons. Et lorsque l’immobilité saisit ces corps inflammables régulièrement mis en scène par Ohad Naharin, elle frôle la pétrification, et sent la mort.

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