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Avons-nous tous une petite voix intérieure?

Temps de lecture: 3 min

Pourquoi envions-nous l'orgasme des cochons? Les gauchers sont-ils davantage intelligents? Quand il pleut, est-ce que les insectes meurent ou résistent? Vous vous êtes sans doute déjà posé ce genre de questions sans queue ni tête au détour d'une balade, sous la douche ou au cours d'une nuit sans sommeil. Chaque semaine, L'Explication répond à vos interrogations, des plus existentielles aux plus farfelues. Une question? Écrivez à [email protected]

Discrète et infatigable, une petite voix intérieure accompagne en pensée la plupart d'entre nous. Une voix qui fait l'inventaire des choses à faire dans la journée, qui pèse le pour et le contre dans une prise de décision, ou encore qui fait écho aux mots qu'on lit en silence. Une voix qui ne nous lâche pas, et qui se réveille même parfois à 3h du matin pour faire la bringue dans notre tête, annonciatrice d'une belle insomnie.

Si notre cerveau essaye de communiquer avec nous en continu, ce langage intérieur peut prendre toutes sortes de formes. Particulièrement intense chez les uns, il sera plus discret et périodique chez les autres. Sa tonalité et son accent peuvent eux aussi varier, passant de ceux d'un Marseillais à des sonorités mexicaines en fonction des individus. Bref, la voix intérieure peut être un sacré foutoir, que les scientifiques commencent à comprendre de mieux en mieux.

Copie interne

Même si elle se fait plus timide chez certains, notre discussion mentale aurait tendance à ressurgir avec intensité à un moment précis: pendant que nous lisons un livre. Et ce n'est pas dû au hasard. Cette petite voix intérieure se développerait en effet pendant l'enfance, au moment de l'apprentissage de la lecture.

Quand on apprend à lire, on commence souvent par prononcer à voix haute chaque mot un à un, avant de progressivement intérioriser cette lecture dans nos pensées. Les phrases défilent alors comme un écho dans nos têtes, jusqu'à ce que l'on y prête attention. La voix intérieure prend ses marques, s'installe confortablement sur un petit fauteuil en velours dans notre cerveau et traverse les âges à nos côtés, avec une présence plus ou moins importante.

Cet infatigable bavardage reste particulier pour une bonne raison: il n'est pas vraiment audible. On l'entend sans l'entendre. Cette mystérieuse caractéristique a été quelque peu expliquée en 2013, dans une étude publiée dans la revue Psychological Science.

Selon elle, tout est dû à la décharge corollaire, une sorte de copie du message du système nerveux transmise à d'autres parties du cerveau, qui nous fait prendre conscience que nous effectuons quelque chose. Autrement dit, cette voix que nous entendons n'est autre qu'une copie interne créée par le cerveau, lui-même à l'origine du langage. Et en intériorisant ce message oralisé, il se facilite la tâche.

Car oui, même si notre corps est une vraie machine impressionnante, il a souvent du pain sur la planche et a parfois besoin de souffler un coup. Et vu que l'être humain aime particulièrement parler, s'il devait constamment déblatérer à voix haute ce qui lui passe par la tête, il ne s'en sortirait probablement pas. Pour éviter la surcharge de notre système auditif, histoire de le laisser se focaliser sur les bruits environnants, le cerveau, qui connaît le message à délivrer, préfère donc créer une copie de ce dernier, sans avoir à produire le moindre son pour être entendu. Une vraie machine, on vous dit.

La décharge corollaire est aussi à l'origine d'un autre phénomène: celui qui fait que nous ne pouvons pas nous faire rire quand nous nous chatouillons nous-même. Le cerveau filtre la sensation en comprenant le véritable initiateur du mouvement provoquant les guili-guili. Un discernement qui nous permet aussi de ne pas prendre peur face à cette petite voix bavarde dans la tête... Du moins, pour certaines personnes. Les schizophrènes, par exemple, ont souvent une voix intérieure particulièrement envahissante et bruyante, au point d'en perdre quelque peu les méninges.

Aphantasie

Revenons-en à nos moutons, ou plutôt à notre question du jour: avons-nous toutes et tous cette fameuse petite voix intérieure? La réponse va venir soulager celles et ceux qui, depuis le début de cet article, commencent à se demander s'ils ne viennent pas d'une autre planète. Non, tout le monde n'entend pas ses pensées. Et il n'y a rien d'inquiétant à cela.

Chez certaines personnes, les pensées se manifestent d'une tout autre manière, mais pas de façon audible. Ce peut être par des images, des sensations, des émotions ou de façon totalement abstraite, explique Radio France. Elles n'entendent pas, mais ce n'est pas pour autant qu'elles ne pensent pas!

Pour d'autres, c'est encore un peu plus compliqué. Certains peuvent être atteints d'une sorte «d'aphantasie auditive», rapporte Le Dauphiné libéré, les empêchant d'entendre leur voix intérieure. L'aphantasie est un phénomène de l'esprit humain récemment identifié, et concerne avant tout l'impossibilité de certaines personnes à construire et visualiser dans leur tête des images mentales, telles que les visages de leurs proches ou leur propre maison. Elles n'arrivent en fait pas à voir la moindre image en pensée.

Particulièrement présente, loquace ou plutôt discrète, taiseuse voire totalement absente, question monologue de sa voix intérieure, il y en a donc à toutes les sauces.