Bessé : vent de fronde contre les éoliennes

Trop c’est trop », « Nous arrivons à saturation », « Dégagez ! », ou en version plus humoristique : « c’est comme les puces sur le dos d’un chien, cinq autour oui, mais par cinquantaine non »… Petit florilège choisi ce mardi soir à la mairie de Bessé sur le registre d’expression mis à disposition du public par la société Ventelys, venue tenir une 5^epermanence d’information sur...

Trop c’est trop », « Nous arrivons à saturation », « Dégagez ! », ou en version plus humoristique : « c’est comme les puces sur le dos d’un chien, cinq autour oui, mais par cinquantaine non »… Petit florilège choisi ce mardi soir à la mairie de Bessé sur le registre d’expression mis à disposition du public par la société Ventelys, venue tenir une 5^e permanence d’information sur son projet de onze éoliennes, à cheval sur les communes de Bessé, Brettes, Courcôme et Souvigné (lire encadré).

On a déjà assez d’éoliennes autour de nous, qu’on arrête de nous bombarder.

Le moment choisi par le collectif Bessé Vent Debout, constitué fin novembre, pour dire non. Ce mardi soir, une vingtaine de personnes se sont mobilisées, dans le calme, mais déterminées. « Pour dire stop : on a déjà assez d’éoliennes autour de nous, qu’on arrête de nous bombarder », lance Thierry Pellet, élu de Bessé à l’origine du collectif avec Bruno Gruel. « On n’est pas des sauvages qu’il faudrait évangéliser : on nous plante tout n’importe où n’importe comment », lâche celui-ci.

Autant dire que les échanges étaient tendus ce mardi face aux trois représentants de Ventelys, qui ont tenté de répondre calmement aux questions, défendant leur point de vue, même face aux railleries. « Je suis étonné que le Nord-Charente soit une zone aussi ventée : on y voit plus d’éoliennes qu’en Bretagne », dit l’un. « Vous avez fait une demande de destruction d’espèces protégées à la préfecture ? », demande un autre habitant de Bessé. Car au-delà de la saturation éolienne de plus en plus dénoncée en Nord-Charente (lire CL du 18 octobre), c’est l’implantation de la totalité du projet de Ventelys sur une zone Natura 2000 qui est mise en avant par le collectif d’opposants. « Pourquoi ici, en pleine zone de protection notamment de l’outarde canepetière, oiseau des plaines menacé ? »

Villefagnan dit non

La raison pour laquelle le conseil municipal de Villefagnan, concerné par le projet initial, s’est récemment prononcé contre. « En refusant la modification de notre plan local d’urbanisme qui aurait été nécessaire pour permettre l’implantation de deux éoliennes », précise Pascal Bœuf, le maire de Villefagnan, qui « ne comprend pas le positionnement de certaines communes sur l’éolien en milieu protégé, alors que le Guide éolien du Pays du Ruffécois, validé par tout le territoire, proscrit l’implantation de parcs éoliens en zone Natura 2000 ».

Ce mardi soir, le maire de Bessé, Jackie Lizot, était présent et partagé. « Quand on voit les kilomètres de haies arrachées et les zones humides asséchées depuis le classement en Natura 2000, ça pose question », avoue l’élu, alors que le conseil municipal précédent avait délibéré favorablement pour le lancement des études d’impact avant 2020. Comme ses voisines, sauf Courcôme, qui compte déjà 9 éoliennes en fonctionnement, mais n’a jamais mis ce projet précis à l’ordre du jour. « Une stratégie pour ne pas se mouiller », interprète André Puygrenier, venu de Courcôme pour dire aussi son opposition.

(1) La dernière permanence a lieu ce mercredi 7 décembre de 9h30 à 13h30 à la mairie de Courcôme.

Le projet défendu par Ventelys

Onze éoliennes de 180 mètres de haut en bout de pale sont projetées par la société Ventelys Energies Partagées : trois sur Courcôme, trois sur Souvigné, deux sur Bessé, une sur Brettes et deux initialement sur Villefagnan figurent sur le dossier en cours d’examen par la préfecture. « Une demande d’autorisation déposée en septembre dernier qui sera amenée à évoluer, en supprimant ou en décalant notamment les deux éoliennes envisagées à Villefagnan, mais aussi en fonction des demandes qui nous seront faites », souligne Victor Choisy, chef de projets à Ventelys, qui espère une phase d’enquête publique en fin d’année 2023.
Un professionnel qui a défendu les choix de sa société ce mardi soir à la mairie de Bessé. « Il y a des points de vigilance en zone Natura 2000, mais pas d’interdiction réglementaire pour les éoliennes et pas forcément plus de contraintes qu’ailleurs. » L’outarde canepetière ? « Elle vole plus bas que les pales, il faut surtout éviter les sites de nidification : les œufs broyés par les machines agricoles sont d’ailleurs les plus gros facteurs de destruction de cette espèce, reprend Victor Choisy, en mettant en avant l’effort de Ventelys pour respecter les autres critères du Guide éolien du Pays Ruffécois. On a choisi notamment d’implanter les éoliennes à plus de 800 mètres des habitations, sauf une à 762 m. » Et de pointer les besoins en électricité dans un contexte énergétique tendu, « où il faudra doubler la capacité éolienne en France d’ici 2030 ». Sur le papier, en l’état, les onze éoliennes projetées permettraient d’alimenter 27.500 foyers, chauffage inclus.