France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Betsy Jolas, compositrice : « J’ai conscience d’être une des dernières survivantes de la génération des Pierre Boulez et Karlheinz Stockhausen »

Rencontre avec la doyenne de la musique contemporaine, qui, à 96 ans, est à l’honneur au festival Les Volques, à Nîmes.

Article réservé aux abonnés

Née en 1926, comme György Kurtag, son aîné de quelques mois, Betsy Jolas est une figure majeure de la musique contemporaine. A la différence de son homologue hongrois, la compositrice franco-américaine est toujours très active. Après avoir bénéficié, le 30 novembre, d’une création par l’Orchestre de Paris, elle est en tête d’affiche du festival Les Volques, à Nîmes (Gard), du 7 au 11 décembre, au cours duquel se jouera plus d’une vingtaine de ses œuvres.

Quel sens revêt pour vous la programmation panoramique de votre musique ?

Quand je pense que je suis sortie du Conservatoire avec un 2e accessit de composition, je me dis aujourd’hui que je suis devenue compositrice, malgré tout !

Oui, mais vous êtes entrée au Conservatoire assez tardivement…

En effet ! Quand je suis retournée en France en 1946, après les six années de guerre passées aux Etats-Unis, j’avais en poche un Bachelor of Arts (bac+3) et je pensais avoir terminé mes études. Je comptais donc me lancer dans le métier. Aussi, lorsque l’organiste André Marchal, à qui je montrais alors ma musique, m’a conseillé de faire de l’harmonie et du contrepoint, cela m’a surprise parce que j’en avais déjà fait beaucoup. Les premières années au Conservatoire n’ont pas été faciles. J’ai eu beaucoup de mal à m’habituer à l’éducation musicale pratiquée en France.

D’autant plus que vous aviez grandi dans un environnement peu doctrinaire…

Certes ! Mais j’avais compris assez vite l’importance qu’aurait pour moi la musique « à inventer ». Lorsque j’en ai parlé à ma mère, elle m’a immédiatement répondu : « D’accord, mais il va falloir que tu gagnes ta vie ! » J’ai donc commencé à travailler dans ce sens dès les Etats-Unis, me disant que, puisqu’il n’y avait pratiquement pas de femmes dans ce milieu, j’agirai comme un homme. A l’époque, j’étais déjà assez opposée à tout ce qui relevait de regroupements féministes, notamment des associations de compositrices.

Le retour en France vous a-t-il confortée dans ce choix ?

Oui et non. D’une part, je continuais à composer, sans me poser trop de questions, mais, d’autre part, j’étais en proie à un certain découragement. Arrivant d’Amérique, où la musique avait été pour moi, chaque jour, un moment de joie, je me retrouvais au Conservatoire de Paris dans un environnement encore bien triste. Heureusement, je me suis vite entendue avec Darius Milhaud, dont le fils peintre avait été accueilli un temps par mes parents à New York. Fréquenter la classe de ce maître m’a redonné confiance. C’est alors que j’ai écrit Plupart du temps I, un ensemble de six mélodies pour mezzo-soprano et piano, sur des poèmes de Pierre Reverdy. Figurez-vous que ce grand poète est venu alors chez moi les écouter et qu’au bout d’un moment il m’a demandé très gentiment de ne plus chanter mais de poursuivre l’exécution au seul piano. J’ai compris que ce n’était pas parce qu’il n’aimait pas ma voix mais parce qu’il voulait mieux apprécier la transposition de sa poésie dans ma musique.

Il vous reste 61.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.