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Bioplastiques : le belge Futerro projette d'investir un demi-milliard en Normandie

Tout un symbole du virage vers la chimie post-fossiles. En quête d'un point de chute sur le Vieux Continent depuis plusieurs mois, Futerro a tranché. Deux ans après avoir inauguré une usine jumelle en Chine, le groupe belge annonce vouloir construire sa première bioraffinerie européenne à Saint-Jean-de-Folleville. Une commune située à l'épicentre du complexe pétrochimique de Port-Jérôme-sur-Seine, dont beaucoup de Français ont découvert l'existence pendant la grève des raffineries. L'investissement, qui vient juste après celui de 1 milliard confirmé par l'américain Eastman à un jet de pierre de là, devrait se monter à 500 millions d'euros.

Du blé aux polymères

Le lieu proche des terminaux d'exportation du port du Havre et des grandes plaines céréalières normandes n'a pas été choisi au hasard. L'entreprise ambitionne, en effet, de produire annuellement du PLA (polyacide lactique), un polyester fabriqué à partir de la fermentation de glucides d'origine végétale tels que l'amidon de maïs ou la canne à sucre. Dans le cas présent, c'est du sucre de blé qui sera transformé en acide lactique, ingrédient de base de PLA. Futerro projette d'en fabriquer à terme 75.000 tonnes par an : une goutte d'eau comparée aux 4,8 millions de tonnes de plastiques que les Français consomment chaque année (dont près de la moitié en emballages), mais une goutte appelée à grossir.

Pour cause, ce plastique biosourcé compostable industriellement (à plus de 60°C) est de plus en plus apprécié en raison de sa flexibilité, de sa transparence proche du verre, mais surtout de son empreinte carbone environ 80% plus faible que celle du PET issu du pétrole.

« Nous décrivons notre polymère comme le premier plastique "bio-renouvelable". Issu du carbone végétal, il peut être recyclé facilement et écologiquement pour obtenir un polymère vierge de même qualité que son premier cycle de vie : c'est une caractéristique unique », assure Frédéric Van Gansberghe, Pdg de Futerro.

Emballage, pièces auto, impression 3D... une multiplicité d'usages

Outre son caractère renouvelable, le PLA a ceci de particulier qu'il autorise une multiplicité d'usages, à l'exclusion de pièces très techniques. En raison de ses bonnes propriétés barrières, ll sert aujourd'hui à fabriquer essentiellement des emballages et des films alimentaires, mais aussi des pièces pour l'automobile, des applications biomédicales (des fils de suture résorbables, notamment), ou encore des filaments pour l'impression 3D.

Bien qu'encore embryonnaire, le marché mondial affiche des perspectives de croissance prometteuses sous l'effet de règlementations de plus en plus contraignantes. De 2,3 milliards de dollars en 2021, ce marché devrait se monter à 4,3 milliards d'ici à 2029, selon le cabinet Data Bridge Market Research.

Au plan industriel, Futerro se flatte de porter un projet d'une envergure inédite. La future usine est présentée comme « la première bioraffinerie intégrée verticalement d'Europe ». Outre les unités de production d'acide lactique et de conversion, elle abritera en effet une unité de recyclage du PLA. « Elle obéira aux meilleurs standards de l'économie circulaire », assure le groupe dans un communiqué.

Sur le versant de l'emploi, sont évoqués le recrutement de 250 collaborateurs et la création de 900 emplois indirects. La date de mise en service n'est pas précisée, mais la firme du plat pays annonce le lancement d'une concertation préalable dès l'an prochain.

Reste à espérer que d'ici là, émergent des filières de collecte plus efficaces. Pour rappel, s'il est moins nuisible que son équivalent fossile, ce biopolymère ne se décompose entièrement qu'au terme de plusieurs dizaines d'années s'il est laissé dans la nature. Façon de dire que, lui aussi, doit être consommé avec modération.