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« Blonde », Marilyn Monroe, chronique d’un suicide annoncé

Blonde *
d’Andrew Dominik
Film américain, 2 h 46
Sur Netflix

C’est peu dire que le film était attendu. Blonde a même suscité des réactions – scandalisées – de la part de lecteurs avant même que La Croix ait pu en juger ! Adaptation très libre d’une biographie romancée de Marilyn Monroe signée en 1999 Joyce Carol Oates, cette production Netflix a été l’un des événements de la dernière Mostra de Venise, le festival le plus ouvert aux plateformes du circuit européen, notamment à l’occasion de la venue de sa vedette principale, Ana de Armas.

Ana de Armas crève l’écran

L’actrice hispano-cubaine, qui avait crevé l’écran dans le dernier James Bond, est de tous les plans de Blonde dont elle est le meilleur atout. D’une ressemblance troublante avec son personnage, elle n’en a pas toujours le charme, même si elle en incarne, les lèvres tremblantes, tous les états d’âme. Car le film se concentre sur la face sombre – voire sordide – de la vie de Marilyn Monroe telle qu’elle est racontée dans ce long métrage interdit aux États-Unis aux moins de 17 ans.

Née Baker en 1926, la jeune Norma Jeane est élevée par une mère schizophrène qui tente de la noyer dans des bains brûlants. Confiée à un orphelinat après l’internement de sa mère, elle éprouve toute sa vie durant le manque d’amour maternel comme paternel. N’ayant jamais connu son père, la jeune et belle Norma n’a de cesse de chercher à plaire, répétant comme un mantra l’adage de sa mère : « Le cercle de lumière t’appartient ».

C’est dans les flashs crépitants de lumière qui ponctuent chacune des violences dont elle est ensuite victime qu’elle choisit de vivre. Pin-up de magazine, elle est repérée par un responsable de studio qui la promeut, après l’avoir violée… Choisie pour ses qualités plastiques et non son réel talent de comédienne, elle enchaîne les rôles d’écervelée avant de montrer l’étendue de son talent dans un thriller méconnu, Troublez-moi ce soir, dans lequel elle joue un personnage familier : une nourrice qui menace de s’en prendre à l’enfant dont elle a la charge…

Trop long essai cinématographique

Alors qu’elle rêve de jouer Tchekhov sur scène, elle reste sur grand écran la jolie voisine de palier, notamment dans Sept ans de réflexion, dont la fameuse scène de la robe blanche soulevée par un courant d’air lui vaudra une pluie de coups de la part de son mari de l’époque, Joe DiMaggio. On passera sur les avortements non consentis, l’acte sexuel forcé par John Kennedy, alors président des États-Unis, et autres scènes éprouvantes montrées à grand renfort d’effets de mise en scène.

Tout dans ce trop long essai cinématographique de près de trois heures, alternant couleurs et noir et blanc, effets de montage (images ralenties puis accélérées), décadrages et déformations des visages, cherche à faire ressentir la lente descente aux enfers de Norma Jeane Baker, comme emprisonnée sous ses apparats de Marilyn Monroe.

Chronique d’un suicide annoncé, Blonde se veut une expérience émotionnelle avant d’être un portrait de l’actrice. Il est dommage qu’Andrew Dominik, habile déconstructeur de mythes de l’Ouest américain dans l’excellent Assassinat de Jesse James par le lâche Bob Ford (2007), se soit égaré dans trop d’effets clinquants. Il n’est jamais meilleur que lors des scènes épurées en plan fixe, où Ana de Armas laisse poindre la grande tragédienne qu’était Marilyn Monroe.