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BNP Paribas soigne ses actionnaires avec une distribution de près de 10 milliards d’euros

BNP Paribas, première banque européenne, fait toujours figure de bon élève. Un bon élève régulièrement épinglé par les ONG climat malgré les efforts du groupe de figurer parmi les plus vertueux du secteur - c'est connu, on ne prête qu'aux riches - mais un bon élève quand même. Il vient d'ailleurs de publier un résultat net record de 10,2 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de plus de 50 milliards. La performance mérite d'être signalée après une année 2021 déjà record et un exercice 2022 difficile sur les marchés et le financement.

Une banque qui sait capter des parts de marché dans tous ses métiers

Pourtant, la banque d'investissement et de marchés pulvérise ses propres records et pèse désormais plus de la moitié des profits de la banque. Ce qui ne correspond d'ailleurs pas à l'image que l'on peut se faire de BNP Paribas, celle d'une banque commerciale bien à l'écart des activités les plus risquées. Le groupe a profondément travaillé la franchise auprès des grandes clientèles, investi dans des plateformes, et développé des outils numériques.

BNP Paribas veut réduire par 5 ses investissements dans l'extraction et la production de pétrole

Un travail de fond qui « se traduit, année après année, par des prises de part de marché dans tous nos métiers », souligne Yann Girardin, directeur général délégué, lors de la présentation des résultats annuels. C'est la signature de la banque : savoir se transformer sans (trop de) bruit en misant (presque) tout sur la technologie pour réduire ses coûts et faire la différence au niveau du service à la clientèle.

40% de croissance du bénéfice net par action d'ici 2025

Aujourd'hui, le groupe se paie même le luxe de revoir à la hausse les objectifs de son plan stratégique 2023-2025, bien aidé il est vrai, reconnaît Jean-Laurent Bonnafé, directeur général, par un environnement de taux bien plus favorable que prévu, et qui devrait se traduire par 2 milliards d'euros de revenus supplémentaires d'ici 2025, dont 80% dans la banque commerciale.

Au total, le groupe promet désormais une croissance annuelle de 9% de son résultat net et de 12% de son bénéficie net par action, soit un gain de 40% en trois ans.  Histoire aussi de balayer les résultats inférieurs aux attentes au quatrième trimestre 2022 : la banque n'aurait pas relevé ses objectifs si la (relative) contre-performance des trois derniers mois de l'année devait traduire une tendance pour les prochains mois.

Plaidoyer pour les fonds de pension (en plein débat sur les retraites)

Car, aujourd'hui, la priorité est de redresser le cours de Bourse. Certes, le titre a gagné 16% depuis le début de l'année, mais il souffre, à l'instar de toutes les grandes banques européennes, d'une décote par rapport à son actif net de l'ordre de 35%. En bouclant la vente de sa filiale américaine Bank of the West pour 16,3 milliards de dollars, soit à un prix de 1,73 fois son actif net, Jean-Laurent Bonnafé se plaît à rêver : « Si BNP Paribas était valorisée de la même manière, sa capitalisation serait de 160 milliards d'euros », glisse-t-il. Soit une valorisation multipliée par deux !

Le dirigeant explique cette différence de valorisation notamment par la présence outre-Atlantique de fonds de pension, et quasi-inexistants en Europe continentale, qui permettent de créer une véritable profondeur au marché financier. Un plaidoyer pour les fonds de pension, et ce, en plein débat sur les retraites !

4,5 milliards de dividendes et 5 milliards en rachat d'actions

La banque ne ménage pas ses efforts pour séduire les investisseurs. Elle devrait distribuer cette année près de 10 milliards d'euros aux actionnaires (sans compter ses objectifs révisés à la hausse), dont 5 milliards d'euros en rachat d'actions.

Le groupe avait déjà prévenu qu'il comptait « neutraliser » l'impact dilutif de la vente de Bank of the West par un programme exceptionnel de rachat d'actions de 4 milliards, qui vient s'ajouter au programme annuel de rachat d'actions de la banque, d'un montant de 1 milliard.

Au total, le rendement de l'action devrait grimper à 13% entre le dividende et le rachat d'actions. Pour mémoire, la banque avait versé 4,5 milliards en 2022 à ses actionnaires, uniquement sous forme de dividendes, soit 7% de sa capitalisation moyenne.

Après le rachat d'actions, la banque dispose toujours de quelque 7,6 milliards d'euros de « capital Tier 1 libéré » sur la vente de la filiale américaine. « Jamais le groupe n'a disposé d'une telle manne de capitaux », s'est félicité Jean-Laurent Bonnafé.

Le solde de la vente, soit 7,6 milliards d'euros de « capital Tier 1 libéré », sera consacré aux trois quarts à la croissance organique, à 20% à des opérations de croissance externe ciblées pour soutenir la croissance organique, et à 5% à des acquisitions dans l'innovation et les nouvelles technologies. Sur le dossier de reprise d'Orange Bank, BNP Paribas a répété ce qu'il ne souhaitait pas, c'est-à-dire un ticket au capital.

Pour le reste, pas de commentaire alors que la nouvelle patronne d'Orange doit présenter son plan stratégique dans 15 jours. Il n'est cependant pas impossible que BNP Paribas donne de nouvelles ambitions à sa franchise de banque numérique Hello Bank ! Mais, qu'on se le dise, pas d'acquisition spectaculaire à plusieurs milliards à prévoir dans les prochaines années.