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Borne recadrée par Macron en Conseil des ministres : la gauche fulmine, le RN se frotte les mains

Alors que la première ministre avait qualifié dimanche le parti nationaliste d'«héritier de Pétain», le président de la République a exhorté ce mardi à ne pas le combattre «par des arguments moraux».

C'est une mise au point claire et nette. Alors que les propos vindicatifs d'Élisabeth Borne dimanche à l'encontre du RN, qualifiant sur Radio J le parti de Marine Le Pen d'«héritier de Pétain», ont agité l'ensemble du spectre politique, Emmanuel Macron ne souhaite pas laisser retomber le soufflé. Le Conseil des ministres de mardi en a apporté la preuve : le président de la République a ainsi appelé de manière solennelle à ne pas combattre le parti à la flamme avec des «arguments moraux». «Vous n'arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour l'extrême droite que ce sont des fascistes», a tonné le chef de l'État. Si Emmanuel Macron était entouré de l'ensemble du gouvernement, il n'a échappé à personne que son propos était clairement adressé à l'hôte de Matignon. Un recadrage en haut lieu qui a habilement fuité. Et dont les oppositions se sont immédiatement saisies. De différentes façons.

Par la gauche d'abord, dont la lutte contre la droite nationaliste et le FN (ex-RN) reste un ciment politique puissant, et qui avait approuvé la pique initiale de la première ministre, dimanche. Les propos d'Emmanuel Macron ayant été rendus publics, elle a vu rouge. Et a brocardé cette ligne divergente au sommet de l'État. «Comment le président ose recadrer Élisabeth Borne, fille de rescapé des camps, parce qu'elle a rappelé la filiation idéologique de l'extrême droite», a vitupéré le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur Twitter. «Si il y a décivilisation, c'est celle du président», a grincé le député de Seine-et-Marne, qui fait ici référence aux paroles lâchées par le chef de l'État...lors du précédent Conseil des ministres. Lesquelles avaient déjà hérissé la gauche, y voyant une mansuétude envers les thèses nationalistes.

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«Si Monsieur Macron recadre Madame Borne, il aurait pu le faire le jour où Madame Borne a dit publiquement qu'elle considérerait que LFI, la Nupes, l'opposition républicaine, était plus dangereux que le RN, là franchement ça aurait été bien de la recadrer, mais je ne l'ai pas entendu le faire», a par ailleurs tancé le coordinateur de la France Insoumise Manuel Bompard. «Pour le reste, je combats le RN, je le combats par tous les moyens.» Quant à sa collègue écologiste Sandrine Rousseau, elle a vanté l'époque des «années 90». «En 1998, les partis expulsaient de leurs rangs, les présidents de région, qui donnaient des vice-présidences au RN contre accord électoral. En 2022, votre groupe Renaissance votait pour que le RN ait des vice-présidences à l'Assemblée Nationale», a protesté l'élue EELV de Paris en s'adressant aux députés macronistes.

Le RN entre ironie et moqueries

De l'autre côté de l'échiquier politique, le Rassemblement national, lui, a décidé de profiter de ce nouveau moment fait de tensions et de désaccords idéologiques entre Emmanuel Macron et Élisabeth Borne. Si les deux têtes d'affiche du RN - la présidente des députés Marine Le Pen et l'actuel patron du parti Jordan Bardella - n'ont pas encore réagi aux bisbilles du couple exécutif, plusieurs de ses cadres s'en sont frotté les mains. «Le président de la République a bien compris que jeter l'anathème comme ça, ça n'avait aucun sens. Quand vous êtes désavoué comme ça par le président de la République, c'est un désaveu comme il n'y en a pas pu depuis longtemps», a plastronné la députée du Var Laure Lavalette sur France 24.

«À mon avis, ça sent un peu la fin (d'une) relation, la fin (d'un) couple. Je pense que c'est une dame sur le départ, elle a un peu craqué», a-t-elle également ironisé. «Je suis ravi de voir qu'Emmanuel Macron a enfin compris qu'il fallait parler des vraies idées (...) Que tout le monde se mette au travail pour les Français et qu'on mette fin aux task forces anti-RN qui, au lieu de travailler pour les Français, travaillent pour la politique», a indiqué, pour sa part, le député RN de l'Eure Kévin Mauvieux, à France Info.