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[Bovins] Vaches laitières : vers une génétique adaptée au changement climatique

« Les valeurs génétiques des animaux reflètent leur potentiel dans les environnements de production les plus fréquemment rencontrés » explique Aurélie Vinet, ingénieur d’étude à Inrae. Ainsi, les animaux sélectionnés en Franceexpriment au mieux leur potentiel génétique à un THI (1) compris entre 47 et 55, soit une température moyenne comprise entre 5 et 13°C. Dans ce contexte, l’UMT eBIS, (qui rassemble Inrae, Idele et Eliance) a cherché à mettre en évidence les interactions entre génétique et environnement météorologique, pour déterminer si certains animaux résistent mieux au stress thermique. "Les meilleures laitières à un THI de 50 (valeur moyenne actuelle dans les zones de production laitières) restent les meilleures productrices avec un THI de 70 (soit une température maximum de 26°C à 30°C), rapporte Aurélie Vinet. Mais les écarts de production entre les individus extrêmes sont beaucoup moins marquées."

Sélectionner les animaux selon leurs performances laitières à THI élevé semble donc pertinent. Toutefois, attention à ne pas aller trop vite en besogne. Car outre le maintien de la production, l’adaptation au changement climatique, doit aussi prendre en compte des autres fonctions biologiques des animaux comme la reproduction.

Préserver la santé

Pour une vache laitière en situation de stress thermique, la diminution de la production laitière est en partie due à la baisse de l’ingestion. Cela permet à l'animal de réduire la chaleur produite par les fermentations ruminales et ainsi de se préserver d’une trop forte augmentation de la température corporelle. « L’objectif est aussi de considérer l’impact du changement climatique sur la santé des animaux », insiste la chercheuse. La chaleur amplifie par exemple la sensibilité aux mammites. Les animaux les plus susceptibles de présenter des taux de cellules somatiques élevés à THI optimal présentent des valeurs encore plus dégradées à un THI de 70. A défaut de pouvoir déjà sélectionner sur la résistance au stress thermique, la sélection sur la résistance aux mammites est pertinente.

« Vraisemblablement, on ne compensera pas totalement la baisse de production liée à la succession des vagues de chaleur », estime Aurélie Vinet. Sur les deux premières lactations de montbéliardes, une baisse de production de 7 % est observée entre une première lactation au THI optimal et une seconde au THI de 70. Une diminution des TP et TB de 9 à 10 % (par rapport au THI optimal) est aussi constatée.

Mais la chercheuse se veut rassurante. « Si les objectifs de sélection vont être amenés à évoluer, la production laitière restera une finalité. Le fait que les réponses des taureaux au stress de chaleur sont différentes laisse entendre qu’il y aura une (petite) marge de manœuvre en termes de sélection. »

(1) Indicateur prenant en compte la température et l'humidité.

(2) Travaux réalisés dans le cadre des projets CAICalor (financement ApisGene) et Rumigen (financement Européen H2020).