France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Budget à Paris : l'équipe d'Hidalgo contre-attaque et dénonce les « mensonges » de la droite et du gouvernement

L'équipe d'Anne Hidalgo ne décolère pas. Avant même de présenter son budget 2023 à la presse ce 30 novembre, le Premier adjoint (PS) à la maire de Paris fustige un « manque de droit à la répartie » dans la presse actuelle. Depuis l'annonce du relèvement du taux de taxe foncière, Emmanuel Grégoire reproche aux médias d'avoir interrogé les ministres Bruno Le Maire, Clément Beaune et Gabriel Attal sans donner à la Ville la possibilité d'un débat contradictoire. Tour à tour, les membres du gouvernement Borne ont en effet évoqué une « mise sous tutelle » de la Ville ou encore « une pyramide de Ponzi ».

« La détestation de l'équipe municipale confine à l'obsession. C'est extrêmement dangereux sur le plan démocratique. Rien ne justifie cette mise en scène pour des intérêts électoralistes », martèle Emmanuel Grégoire, faisant allusion à l'intérêt de certains ministres pour Paris en vue des élections municipales de 2026.

Débat sur le montant de la dette

Sa principale opposante, Rachida Dati, présidente du groupe « Changer Paris » au Conseil de Paris et maire (Les Républicains) du VIIème arrondissement, en a également pris pour son grade. Le chiffre de 10 milliards d'euros de dette, répété par cette dernière et l'ensemble de la droite parisienne, est « totalement fantasque et n'a aucune réalité comptable. La situation de la ville de Paris est saine », a insisté le Premier adjoint d'Anne Hidalgo, se fondant sur la notation de l'agence américaine S&P.

Lire aussiStandard & Poor's maintient la note de la Ville de Paris, l'opposition tance Hidalgo

Emmanuel Grégoire assure, au contraire, que la dette de la capitale s'établit à 7,75 milliards d'euros. Une somme à mettre en regard de son patrimoine de 44 milliards d'euros fin 2022 contre 19 milliards en 2014, date de l'élection d'Anne Hidalgo. « Cette hausse spectaculaire a été évaluée par la Chambre régionale des Comptes. C'est comme pour un ménage, il faut comparer l'endettement avec la capacité à rembourser », explique l'élu parisien.

« Un triple effet Covid » et la guerre en Ukraine

Commune, établissement public territorial et département, la Ville de Paris affirme subir, depuis mars 2020, « un triple effet Covid » : la quasi-absence en 2020 de recettes en taxes de séjour et en droits de mutation à titre onéreux (DMTO) - les fameux « frais de notaires » -, des dépenses exceptionnelles et des pertes de recettes liés à la fermeture des services publics. A cela s'ajoute la crise ukrainienne et ses conséquences inflationnistes.

« Nous n'avons jamais été largement aidés, ayant été exclus de tous les mécanismes compensatoires, car ne rentrant jamais dans les critères », s'agace encore Emmanuel Grégoire.

D'autant que malgré l'augmentation de 320 millions d'euros de la dotation globale de fonctionnement (DGF) décidée par le gouvernement pour 2023, la capitale n'en percevra que 40.000 euros. « Le prix d'une demi-sanisette », persifle l'adjoint (PS) aux Finances, Paul Simondon. Autre exemple : ses dépenses de personnel augmenteront de 4,6%, l'exécutif ayant revalorisé tous les salaires de la fonction publique de 3,5% le 1er juillet dernier. Sans oublier : faute d'accord avec l'Etat, l'augmentation de 10% de sa contribution à Ile-de-France Mobilités, l'autorité organisatrice des transports, qui passe de 400 à 440 millions d'euros.

« L'incohérence » des 720 millions d'euros de péréquation

Mais ce qui énerve surtout les élus, ce sont les dépenses de péréquation. S'ils ne trouvent pas anormal de donner 720 millions d'euros à un fonds de solidarité inter-collectivités, ils ne comprennent pas pourquoi le gouvernement continue de le leur imposer. « D'un côté, le pouvoir national affirme que la Ville est "exsangue". De l'autre, en coulisses, il nous prend cette somme. Si la Ville était vraiment en difficulté, il renoncerait à la prendre aux Parisiens », relève Emmanuel Grégoire, qui dénonce « l'incohérence » du discours gouvernemental.

C'est pourquoi, répète le Premier adjoint, l'exécutif parisien n'a pas eu d'autre choix que d'augmenter de 50% la taxe foncière. « L'épargne brute de 876 millions d'euros va nous permettre de maintenir 2 milliards d'investissement : 300 millions de remboursements de l'emprunt et 1,7 milliard pour continuer à avoir des équipements publics de bonne qualité », justifie Paul Simondon, chargé des Finances auprès d'Anne Hidalgo.

Parallèlement, la Ville fait des économies. Premier adjoint, notamment chargé de l'Architecture et de l'Urbanisme, Emmanuel Grégoire va, à titre d'illustration, réduire le budget d'études confiées aux assistants à la maîtrise d'ouvrage.

L'exécutif « disponible », pour un débat contradictoire

Interrogé sur les loyers capitalisés, un dispositif lui permet de toucher dès le début tous les loyers des bailleurs sociaux qui ont bénéficié de préemption de logements du marché privé, l'édile dénonce « le mensonge »  du ministre des Comptes publics. L'élu parisien rappelle à Gabriel Attal que depuis 2015, tous les ministres des Budgets successifs ont accepté d'inscrire ces gains en recettes de fonctionnement. « Ça les arrangeait bien car cela venait couvrir la baisse des dotations et l'augmentation des péréquations de même que pour la Ville, ça permet d'augmenter l'autofinancement et de soulager le recours à l'emprunt », décrypte Emmanuel Grégoire.

Et de conclure, dans un sourire, « je suis disponible à tout moment pour un débat contradictoire ». Message reçu cinq sur cinq.