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Budget de la Sécu : médecins libéraux et biologistes appelés à faire grève

Les syndicats de médecins libéraux et de biologistes appellent à la fermeture des cabinets et des laboratoires jeudi et vendredi 2 décembre.

Source AFP
Les premieres journees de mobilisation du personnel de laboratoire ont ete tres suivies (photo d'illustration).
Les premières journées de mobilisation du personnel de laboratoire ont été très suivies (photo d'illustration). © LIONEL BONAVENTURE / AFP

Temps de lecture : 3 min

Les uns réclament une hausse des tarifs, les autres veulent éviter « un coup de rabot ». Syndicats de médecins libéraux et de biologistes appellent à la grève, jeudi et vendredi 2 décembre, pour contester certaines mesures phares du projet de loi sur le budget de la sécurité sociale en 2023. Ils se sont par ailleurs engagés dans d'âpres négociations avec la Sécu et le gouvernement. 

À l'approche de cette date, la tension est inhabituellement élevée chez les praticiens. C'est la première fois depuis 2015 et la loi Touraine que tous les syndicats de médecins libéraux appellent à la grève pour faire pression sur l'exécutif. Un mouvement initié par le jeune collectif « Médecins pour demain », créé fin août et qui rassemble à ce jour plus de 14.000 membres sur Facebook, symptôme d'une colère sourde qui se répand dans la profession. Avec pour « revendication unique » le doublement du tarif de la consultation - de 25 à 50 euros - ce groupe « apolitique et asyndical » a rallié à sa cause l'ensemble des organisations représentatives.

« Ces deux jours de fermeture doivent constituer un électrochoc »

Obligées de suivre leur base, les organisations représentatives voient aussi un moyen de peser dans la négociation qui vient de s'ouvrir avec l'Assurance maladie, en vue d'un nouvel accord pour les cinq prochaines années. Certains syndicats ne cachent d'ailleurs pas leur proximité avec ce collectif, comme l'UFML et la FMF, venus à leur première séance de tractation accompagnés d'un représentant de « Médecins pour demain" ». Une consultation stérile pour la FMF, qui estime que face à des pouvoirs publics « sourds à (leur) souffrance », les médecins libéraux doivent « crier encore plus fort ».

« Ces deux jours de fermeture doivent constituer un électrochoc », affirme pour sa part le SML qui réclame de longue date une consultation à 50 euros pour donner aux médecins « les moyens de rester libéraux ». L'Assurance maladie a, de son côté, promis quelques revalorisations, en particulier pour les généralistes, pédiatres et psychiatres.

Mais au-delà du sujet financier, les médecins s'inquiètent aussi pour leur liberté d'installation, de plus en plus remise en question, notamment au Parlement où s'accumulent les propositions de loi sur les déserts médicaux. Des « solutions politiciennes » contre-productives, quand il est plutôt « urgent de retrouver rapidement une attractivité », juge Franck Devulder, président de la CSMF. Diagnostic partagé par son homologue de MG France, Agnès Gianotti, pour qui le combat contre la « perte de sens de la profession » ne « passe ni par la contrainte, ni par le mépris ». L'union sacrée s'étend à leurs cadets de Jeunes Médecins, qui exigent également « de la considération », ainsi qu'aux internes de l'Isni, remontés contre les « décisions déconnectées » du gouvernement - et toujours mobilisés contre l'ajout d'une dixième année d'études pour les futurs généralistes.

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« Grève dure » à Noël ?

Ce front commun augure d'un conflit prolongé, selon un leader syndical qui envisage déjà une grève des gardes en décembre, puis une nouvelle fermeture des cabinets pendant les fêtes de fin d'année. Le collectif « Médecins pour demain » a d'ailleurs évoqué une « grève dure » à partir du 26 décembre.

« Je ne suis pas sûre que ce soit populaire, ni que ce soit le bon moment », a mis en garde Agnès Firmin Le Bodo, la semaine dernière. Pour la ministre déléguée aux Professions de santé, les difficultés croissantes d'accès aux soins ont des répercussions et « le sentiment de nos concitoyens à l'égard des médecins commence à changer ».

Mais l'argument de l'opinion publique a ses limites, comme le démontrent les biologistes. Pointé du doigt depuis deux mois pour ses profits records liés aux tests Covid, le secteur refuse mordicus la ponction de 250 millions d'euros par an sur les autres examens, inscrite dans le budget de la Sécu. Après une première grève de trois jours mi-novembre, syndicats et grands groupes d'analyses médicales appellent de nouveau à la fermeture des laboratoires jeudi et vendredi. Leur dernière chance avant le vote définitif du projet de loi que l'exécutif ne semble pas prêt à modifier. Au contraire, le ministre de la Santé, François Braun, a encore dénoncé la semaine dernière des actions « contraires à la déontologie » et mettant « en danger la continuité des soins ».