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Camaïeu : quelles solutions pour les 2 600 salariés licenciés ?

Ce samedi soir, à l’heure de la fermeture, les lumières des magasins Camaïeu vont définitivement s’éteindre. Jeudi, le tribunal de commerce de Lille a prononcé la liquidation judiciaire du géant nordiste du prêt-à-porter. Pour ses 2 600 salariés, qui devraient se réunir en assemblée générale mardi matin au siège du groupe, s’enclenchent des négociations en vue d’un mal nommé plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), dont les conditions sociales devraient se cantonner aux questions d’indemnités de licenciements et de reclassements, au sein du groupe HBP, propriétaire de GO Sport, la Grande Récré ou Gap France, ainsi qu’en externe, via la mise en place d’une cellule d’accompagnement.

L’État appelé à l’aide

« Dans le cadre d’une liquidation, il y a peu d’argent à mettre dans le PSE, donc les pouvoirs publics vont devoir s’investir », insiste auprès de l’AFP Mélanie Monton, du cabinet d’experts Syndex.

« Il y aura peut-être dans le cadre du processus de liquidation des offres de reprise et on les regardera de près », a commencé à répondre le ministre délégué à l’industrie Roland Lescure. La région Hauts-de-France, première frappée du fait de l’implantation historique de Camaïeu à Roubaix, a obtenu du préfet le déclenchement du «plan grands licenciements», un dispositif permettant de centraliser et coordonner la recherche d’emploi. Le maire de Roubaix a lui aussi demandé un « plan spécifique » d’aide à l’emploi, dans cette ville ancienne place forte du textile français où 31,1 % de la population active était au chômage en 2019.

Les salariés de Camaïeu se répartissent entre le siège et l’entrepôt roubaisiens (respectivement 350 et 112 employés, selon le CSE) d’un côté, de l’autre les plus de 500 magasins dans toute la France. « À l’entrepôt, plus de la moitié des salariés ont plus de 50 ans », insiste le délégué CGT Thierry Siwik. À cet âge-là, « même s’il y a des propositions d’emploi dans la logistique, vous êtes vite écarté ». « Et au SMIC, si vous devez faire 40 kilomètres pour aller travailler, vous travaillez quasiment pour rien » avec le coût des carburants, souligne-t-il. En écho, Sandra Sarrouy, vendeuse dans un magasin de Millau depuis 1993 et trésorière (CFDT) du CSE, ironise : « Beaucoup pourront traverser toutes les rues qu’ils veulent, ce sera compliqué pour eux ».

«C’est très angoissant»

Outre des postes au sein du groupe HBP, les représentants des salariés espèrent des reclassements dans d’autres chaînes ou magasins. Mais dans ce genre de grande enseigne comme Camaïeu, les formations suivies en interne ne favorisent pas toujours l’employabilité à l’externe, déplore Mélanie Monton, de Syndex. « D’un point de vue social, ça va être compliqué car le marché du prêt-à-porter est sous forte pression », pointe aussi Adrien Guérin, analyste chez Scope Ratings interrogé par l’AFP, pour qui les banqueroutes vont s’accélérer dans le secteur.

Chérif Lebgaa, délégué FO, dénonce le désastre social de la liquidation de Camaïeu : « Nous travaillons avec beaucoup de prestataires, donc on dépasse les 5 000 salariés » touchés, estime-t-il, mettant en lumière « un drame » pour toutes ces familles. « C’est très angoissant de se dire qu’à 53 ans, il va falloir refaire un CV, repartir dans une recherche d’emploi », confie Sandra Sarrouy. « À 53 ans, vous êtes moins décorative dans les magasins ».