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Cancer du sein : de nouvelles pistes pour des détections précoces

Ces dernières années, l'avènement des thérapies ciblées a permis de réaliser de substantiels progrès dans le traitement des cancers. Malheureusement, tous ne sont pas éligibles à de telles thérapies. C'est notamment le cas du cancer du sein triple négatif qui touche des femmes généralement jeunes et dont certaines (10%) sont génétiquement prédisposées pour le développer. Si les médecins ne sont pas dénués de stratégies face à ce cancer, son taux de mortalité et de récidive reste important. "C'est l'une des formes de cancer pour lesquelles nous devons nous améliorer à la fois dans la détection et dans le traitement", confirme Céline Vallot, biologiste CNRS au Centre de recherche de l’Institut Curie. Avec son équipe et le soutien de la Fondation Bettencourt-Schueller, elle travaille en recherche fondamentale sur ces deux pistes.

Observer les cellules changer de costume

Son objectif est de comprendre comment et par quels mécanismes les cellules des glandes mammaires se transforment d'un état normal, physiologique, à un état pathologique et forment des tumeurs. Dans son laboratoire, elle étudie ces cellules (issues de malades et de souris) une à une. Mais elle ne s'intéresse pas à leurs gènes : "nous étudions les protéines et les molécules qui habillent l'ADN et qui modifient l'expression des gènes, ce que les spécialistes appellent l'épigénétique. Notre objectif est de caractériser les modifications épigénétiques qui conduisent à la transformation d'une cellule saine en une cellule tumorale. En quelque sorte, nous essayons d'observer la cellule changer de costume" explique Céline Vallot. A la clé, l'espoir de pouvoir détecter plus tôt l'apparition du cancer et donc offrir de meilleures chances de survie aux patientes.

Pour ce faire, la biologiste a mobilisé une équipe d'une douzaine de personnes dont les spécialités reflètent ce qu'est aujourd'hui la recherche : transdisciplinaire. Ainsi, pour pouvoir étudier les cellules de façon isolée, il a fallu développer des techniques d'encapsulage faisant appel à la microfluidique. Leur analyse nécessite des séquenceurs ADN à haut débit et le traitement de la quantité de données qu'ils produisent demandent l'expertise d'ingénieurs computationnels et de biologistes moléculaires.

Céline Vallot Crédit : CNRS

Carte d'identité modifiée

Lancé depuis un peu plus d'un an, le projet "CHROMGENESIS" a déjà permis d'obtenir des résultats préliminaires. "Nous avons pu identifier des anomalies qui font que les cellules changent de carte d'identité avant de devenir cancéreuses. Reste maintenant à comprendre si ces changements sont les mêmes pour toutes les cellules tumorales et surtout s'ils perdurent au cours du temps", précise la chercheuse. Auquel cas, certaines de ces modifications pourraient constituer des cibles thérapeutiques. "En les détectant plus en amont, il sera alors possible d'anticiper les transformations qu'elles provoquent", conclut-elle.