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«Ce n’est pas du tout dans notre culture» : des membres de cabinets de conseil dans la rue contre la réforme des retraites

Ils ont troqué leurs traditionnelles chaussures pointues et chemises bien repassées pour des baskets et des gilets rouge CGT ou bleu CFTC. Les cabinets de conseil et d’audit étaient eux aussi présents à la manifestation contre la réforme des retraites ce mardi, à Paris. En petit nombre, certes, mais présents quand même. «C’est une journée historique dans notre secteur», martèle Marc Verret, délégué syndical CGT au sein du cabinet EY Associés. Même si le nombre de grévistes est minime par rapport au nombre de salariés de l’entreprise, «entre 0,5 et 1 % pour EY», l’homme de 29 ans l’assure : «il y a parmi les jeunes de notre secteur un rejet de la réforme».

De là à battre le pavé, difficile de sauter le pas. «Ce n’est pas du tout dans notre culture, c’est même tabou d’être en grève», souligne-t-il. Il l’admet lui-même, il s’est bien déclaré en grève auprès des responsables des ressources humaines de son entreprise, comme la loi l’oblige, mais à son supérieur, «j’ai dit que j’étais en off, même s’il ne se fait pas d’illusions».

Comme lui, d’autres salariés du secteur se sont mobilisés contre la réforme. L’intersyndicale du Big Four - les quatre plus grandes entreprises de conseil et d’audit, EY, PwC, KPMG et Deloitte - avait appelé à manifester, inédit dans un secteur que l’on n’attend pas dans les rues. Marc Verret le concède, «on fait partie des professions les mieux payées», même si les membres de cabinets de conseil aussi ont perdu du pouvoir d’achat face à l’inflation. «Nous nous mobilisons parce qu’en tant que citoyens, cette fois-ci on sent qu’on peut avoir un vrai poids, les Big Four ne sont pas isolés», détaille-t-il, avant d’ajouter : «on est tous concernés dans notre entourage, on manifeste dans l’esprit de solidarité».

«Contre une réforme qui pénalise les jeunes et les femmes»

À quelques pas de là, en tête de cortège, son collègue Alexandre Picaud agite son drapeau bleu. Le délégué syndical CFTC travaille au sein du cabinet EY depuis 22 ans. Avec la réforme Touraine, bon nombre de ses collègues devront déjà travailler au-delà de 62 ans. Mais Alexandre Picaud tenait à être présent. «Il y a surtout un enjeu pour toutes les fonctions supports des cabinets de conseils, eux sont impactés par les carrières longues», précise-t-il. «Et évidemment on est là pour les femmes», fortement pénalisées par la réforme.

Un autre cabinet de conseil faisait partie du cortège : Capgemini. La présence du cabinet, notamment connu pour ses conseils au gouvernement, peut surprendre. Pourtant, ils sont une dizaine du siège d’Issy-les-Moulineaux à suivre le camion de la CGT. Eux aussi se mobilisent surtout pour les autres, «contre une réforme qui pénalise les jeunes et les femmes», s’indigne Laurence Mequecin, déléguée syndicale CGT. Concernant le rôle de prestataire de Capgemini auprès du gouvernement, elle ne répond qu’une chose : «l’argent de la honte». Sa collègue Delphine Colin renchérit : «Il y a des salariés qui pensent que leur entreprise a une vocation, et sa vocation, c’est pas de dépecer le service public. Le pognon du gouvernement dépensé pour des conseils de cabinets privés n’est pas utilisé pour augmenter ni les salaires ni les retraites». À chaque manifestation, les délégués syndicaux d’EY comme de Capgemini espèrent convaincre un peu plus.