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« Ce que je ressens, c’est que, pour quelques heures, je suis libre » : à Shanghaï, un vent de liberté sans précédent

Un rassemblement en mémoire de victimes d’un incendie dans une ville confinée s’est transformé en protestation contre la politique zéro Covid et la dictature chinoise. Dans tout le pays, des rassemblements se multiplient.

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Le rassemblement a commencé avec quelques bougies, des chrysanthèmes, et des messages de soutien aux victimes déposés samedi 26 novembre au pied d’un panneau indiquant le nom de la rue « Wulumuqi », en plein centre de Shanghaï, une transcription chinoise du nom de la capitale du Xinjiang, Urumqi. Diffusées sur les réseaux sociaux, les images ont attiré d’autres sympathisants, venus en hommage aux dix victimes d’un incendie dans une résidence d’Urumqi, nouveau drame de la politique zéro Covid : les secours avaient été retardés par les restrictions imposées à la ville depuis plus de cent jours.

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Bientôt, des centaines de jeunes chantaient des slogans critiques au sujet de la politique de lutte contre l’épidémie et du pouvoir chinois. Le mouvement essaime dans des dizaines d’universités et de villes chinoises, démontrant la colère grandissante d’une partie de la population face à une politique toujours plus restrictive, alors que le nombre de cas augmente en Chine.

Pour beaucoup, la soirée avait commencé un verre à la main dans un bar du centre de Shanghaï, à regarder la Coupe du monde de football. Quelques heures plus tard, des centaines de jeunes Chinois participaient à la première manifestation politique de leur vie. A minuit, la foule est compacte, et un cordon de centaines de policiers garde déjà les rues alentour.

Outre les quelques offrandes déposées au sol, des manifestants tiennent une feuille blanche. « Cette page blanche, on n’a rien écrit dessus, mais implicitement, cela a beaucoup de sens. Notre pays ne nous laisse pas écrire quoi que ce soit. Mais même si nous n’écrivons rien, les gens savent ce que nous voudrions dire, explique une jeune femme, à peine 30 ans. Ce que je ressens, c’est que pour quelques heures, je suis libre : même si c’est très court, pour une fois, je peux dire ce que j’ai envie de dire », témoigne-t-elle, rassurée par la force du groupe. En l’écoutant, son amie éclate en sanglots. « C’est la première fois que je vois ça en Chine », justifie-t-elle en ravalant ses larmes.

Le drame de trop

Parmi les messages déposés au sol, on peut lire : « Nous n’oublions pas : Guiyang, Urumqi, Henan, Xi’an », autant de villes où des personnes sont mortes pendant un confinement, fautes d’accè à des soins ou dans un accident de bus les menant à un centre de quarantaine dans le cas de Guiyang. Autant d’événements qui ont scandalisé la population chinoise.

Le drame d’Urumqi semble être celui de trop : il résonne à la fois parce que des millions de Chinois ont vu leurs résidences fermées par des chaînes lors des confinements, de quoi craindre le pire en cas d’urgence, mais surtout parce qu’il arrive à un moment où la politique zéro Covid est de moins en moins tolérée en Chine. En témoigne l’ampleur de la mobilisation ces derniers jours. Après l’incendie, jeudi, les habitants d’Urumqi ont bravé par milliers un confinement de plus de trois mois et se sont massés dans les rues pour protester. Avec succès : ils ont obtenu le déconfinement des quartiers les moins touchés de la ville. Depuis, des protestations ont eu lieu dans les universités de Nankin, Pékin, Shanghaï, et dans des quartiers de Wuhan, de Chongqing, de Chengdu, et de Lanzhou où la foule a détruit des kiosques de tests Covid.

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