France
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Ce que l’on sait sur le streptocoque du groupe A, responsable de deux décès d’enfants en France

  • > Qu’est-ce que le streptocoque du groupe A ?

    Il s’agit d’une bactérie commune qui fait partie de la flore de la gorge. « Elle est hébergée naturellement chez 5 % des adultes et 20 % des enfants », précise Claude-Alexandre Gustave, biologiste médical, spécialiste en immunologie et microbiologie à Lyon.

    En tant que pathogène opportuniste, cette bactérie peut causer des symptômes lorsque le système immunitaire d’une personne est affaibli et chez des sujets à risque. « Elle est, le plus souvent, responsable d’infections non invasives bénignes, telles que l’angine, l’impétigo et la scarlatine », détaille Santé publique France (SPF). Le streptocoque du groupe A se transmet par gouttelettes respiratoires et contacts directs (sécrétions nasales, lésions cutanées, etc.).

  • > Dans quel cas est-il mortel ?

    Rarement, le streptocoque du groupe A peut être ? responsable d’infections invasives graves parfois associées à un syndrome de choc toxique. « Les taux de mortalité sont respectivement de 30 % en cas de choc toxique streptococcique, de 15 % pour les dermo-hypodermites nécrosantes et de 20 % pour les méningites », précise l’Institut Pasteur.

  • > Pourquoi les autorités de santé sont-elles en alerte ?

    SPF, passée en mode « surveillance renforcée », et la Direction générale de la santé (DGS) ont publié, mardi, deux messages à la suite de signalements de plusieurs cas d’infections invasives chez des enfants, en nombre plus important qu’habituellement dans trois régions (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine) au cours des deux dernières semaines.

    « Ces cas ont entraîné l’hospitalisation en réanimation d’au moins huit enfants sans facteurs de risque identifiés, parmi lesquels deux sont décédés. Trois cas adultes ont été signalés dont un est décédé », avertit la DGS dans un message « urgent » à destination des professionnels de santé. Aucun cas grave n’a été recensé en Bretagne, selon nos informations.

    SPF signale également qu’il a été « observé, depuis l’été 2022, une augmentation du nombre de souches d’infections invasives pédiatriques par rapport aux années antérieures ». Le Royaume-Uni a aussi connu une recrudescence de cas, ces derniers jours, avec la survenue d’au moins six décès chez des enfants.

  • > Les cas sévères découverts ont-ils un lien entre eux ?

    Des investigations épidémiologiques ont été menées par les autorités de santé françaises et suggèrent que « ces cas n’ont pas de lien entre eux et que ces signalements ne sont probablement pas dus à l’émergence d’une souche plus virulente mais plutôt à une augmentation inhabituelle du nombre de cas, en lien avec des souches différentes ».

  • > Quelle est la conduite à tenir pour les parents et médecins ?

    Pour limiter les risques de transmission, les gestes barrières sont à nouveau appelés en renfort : lavage des mains, port du masque, éternuer ou tousser dans son coude, etc. Les médecins sont, eux, invités à réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) devant une angine et à un prélèvement de gorge en cas de symptômes de scarlatine, si le test est négatif.

    En cas d’infection invasive grave, un signalement doit être fait aux agences régionales de santé (ARS). Concernant la prise en charge médicamenteuse des cas et des personnes contacts, notamment par antibiotiques, la DGS indique que des sociétés savantes ont été sollicitées pour établir des recommandations, « notamment dans le contexte actuel de tensions sur l’amoxicilline ».

  • > Pourquoi une telle recrudescence de cas ?

    Les autorités de santé ne se risquent à aucune conjecture, pour l’instant. Mais selon Claude-Alexandre Gustave, elle soulève plusieurs questions : « Existe-t-il un lien entre ces décès et la pénurie d’amoxicilline ? Sans traitement antibiotique adapté lors d’une banale angine streptococcique, le risque de complications augmente ».

    Le biologiste s’interroge aussi sur le rôle de « l’incidence en augmentation des infections virales qui altèrent les muqueuses ORL et favorisent la translocation des bactéries depuis les muqueuses vers les tissus profonds ».